Bloempot, c’est « la cantine flamande » de Florent Ladeyn et Kevin Rolland à Lille. Au fond d’une impasse pavée de la rue des Bouchers, on accède à la cantine qui fait le plein dès qu’elle a les portes ouvertes (il faut d’ailleurs s’y prendre à l’avance, deux mois, pour réserver sur le site et sinon, quelques places restent toujours disponibles pour les clients qui se présentent, disons dès 12h). Située dans un ancien atelier de menuiserie, la salle aux dimensions carrées a quelque chose de très enveloppant, régional et attachant. Entre les beaux murs de briques, les poutres, les tables en vieux bois grisonnant, les chaises dépareillées et le comptoir ouvert sur la cuisine, on y resterait des heures et des heures. C’est à peu près ce qui se passe ce midi-là. Arrivé à 13h30, on a dû repartir à 16h… Le chef Florent Ladeyn passe une tête à table de temps en temps (il se partage avec son auberge Le Vert Mont * à Boeschepe, près de la frontière belge) et son associé Kevin Rolland gère la salle de main de maître, tout en convivialité, avec une équipe (masculine) avenante et ne manquant pas de précisions géographiques et aromatiques sur les bières servies en accord avec les plats.
Le pot-au-feu du chef servi en entrée. L’allure a le don de mettre en appétit, avec tout ce qui équilibre un plat. Du bouillon goûteux, de la viande de boeuf (type paleron) en tout petits morceaux que je pense confits avec un peu de sucre (je ne sais sous quelle forme), mais ça résiste sous la dent tout en étant moelleux et dans une saveur sucrée, des feuilles de chou joliment coupées en rond, des noisettes torréfiées, des feuilles crues. A la cuillère, c’est délicieux !
Le filet de lieu noir tendre et fondant, une sauce émulsionnée, des navets rôtis, de la mâche, comme une petite mayonnaise de moule (en jaune safran, on l’aperçoit à gauche) et une sorte de chapelure teinte à l’encre de seiche et qui croustille bien sous la dent, que demander de plus ?
Des pommes de terre du coin (je ne sais plus lequel) rôties comme sur la braise pour que tout tienne au corps. Elles sont annoncées au beurre (de je ne sais plus quel coin de la région), mais moi je trouve qu’elles en manquent, malgré une belle peau dorée et brillante, mais que surtout leur chair est assez farineuse.
L’une des spécialités du chef servie en plus du menu. Le maroilles préparé en crème émulsionnée (au siphon je pense) dans le fond et du crispy à la fois de persil et de lard. C’est sensé être dégusté avec le pain coupé en grosses tranches que l’on trempe dedans. Sauf qu’au deuxième ou troisième morceau de pain, je trouve que la crème glisse trop dessus et que je n’en ai pas assez. Qu’à cela ne tienne, je demande une cuillère et déguste à grandes lampées. Et là, c’est terrible, le parfum et le fondant de maroilles chaud, le crispy qui croustille bien, faut se retenir pour ne pas finir seul le plat.
Le dessert est aux pommes. Des pommes tatinisées, déposées sur une crème fouettée et de la pâte sablée en poudre. Dans le fond de la crème, il y a une autre crème qui envoie du vinaigre (de fleurs de sureau, celles que l’on retrouve sur la poudre), un peu trop à mon goût, ça tapisse tout le palais. Bref, je passe à côté du dessert.
Une cuisine goûteuse, nourrissante, qui s’amuse à jouer des modes et à puiser dans les racines de la région en mettant en avant les produits locaux, c’est bien vu et vraiment bon.
Les prix ? Formules au déjeuner à 19,50 € (entrée-plat ou plat-dessert avec un soft, bière pression ou verre de vin) et 25 € (les trois avec un soft, bière pression ou verre de vin), le soir, menus à 34 €, 40 € et 50 €. De quoi donner envie aux Parisiens de prendre un train juste pour y manger (c’est à 20 min de la gare) !
Bloempot, 22 rue des Bouchers, 59800 Lille
Vraiment amusant de s’être croisées, donc j’ai forcément mangé la même chose (sauf le Maroilles qui fait envie…). Bien aimé le dessert et son équilibre global (c’était de la fleur de sureau) mais peut-être en effet, un peu en-deça de l’entrée que j’ai adorée et du plat délicieux. Le rapport qualité-prix incluant eau et vin est vraiment top !
Merci pour la fleur de sureau, je l’ajoute au texte 😉 Et oui, le dessert, j’étais vraiment moins enthousiaste que pour le reste, mais la seule à ma table à le penser donc…
J’y ai fait un diner en Novembre mémorable !
Complètement d’accord avec l’idée de prendre le train pour une visite, cela est justifié, et même le soir, les tarifs accords mets et vins restent raisonnables au regard de la création et de la qualité des ingrédients servis.
Une table comme celle-là nous fait défaut à nous Parisiens, malgré toutes nos propositions…
Merci Adrien pour ton commentaire, mais moi je ne sais pas s’il faudrait qu’il y ait cette même adresse à Paris, c’est justement ce qui fait son charme, c’est qu’elle est là-bas, dans cet environnement précisément. Et si elle était ailleurs, on ne vivrait pas l’expérience comme ça.
Je te rejoins parfaitement Caroline, et je me suis certainement exprimé avec imprécision.
L’idée de mon commentaire était plutôt de souligner que malgré la grande amplitude de choix parisiens, cette table est belle et bien à part de nos propositions.
Elle n’est pas juste un copié/collé d’autres tables.
Evidemment, nul besoin d’avoir la même chez nous.