Mon premier dîner chez Caïus (Paris XVIIe) a eu lieu il y a 10 ans. A l’époque, je démarrais le blog (qui a donc fêté sa première décennie en février) avec des podcasts… En micro caché, je captais mes commentaires sur les plats dégustés, j’enregistrais une introduction en studio, on montait le tout et je mettais en ligne. Caïus a fait partie de ces « expérimentations » qui me rendaient assez nerveuse et en même temps, j’aimais bien me laisser embarquer dans mes propos tout en dégustant. Le blog est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est à dire avec beaucoup de photos et de textes et puis aussi des vidéos. Pour fêter quelques événements de ma vie, je suis retournée il y a deux semaines chez Caïus. Rien n’avait changé m’a-t-il semblé, toujours aussi élégant, peut-être un peu plus grand que dans mon souvenir, à assurer beaucoup de couverts un vendredi soir, mais sans que cela ne transparaisse dans le service, impliqué, souriant. Un bon champagne pour commencer (la maison Thiénot) et une ardoise toujours aussi bien blanchie. Les suggestions sont aguicheuses et la présence des épices que le chef Jean-Marc Notelet adore manier aussi.
Deux grosses croquettes de morue et de pommes de terre parfumées d’un peu de piment posées sur de l’ail des ours sautée et un condiment citronnelle (que j’ai trouvé un peu discret, je m’attendais à ce qu’il y en ait plus). La panure est fine, croustille bien, avec un intérieur bien fondant et onctueux, je suis fan de croquettes.
Une tranche de poitrine de cochon superbement snackée (avec l’extérieur caramélisé et le gras qui fond dans les dents), un curry crémeux sensuel comme on en goûte parfois dans la cuisine thaïlandaise, des topinambours sautés et des tranches de calamar qui amènent encore un peu de mâche, des notes de sel marin, mais qui contrastent par l’absence de gras. C’est délicieux.
Une crème citron pour finir, avec quelques notes de lavande, des éclats de sablé bien beurré, un filet d’huile d’olive et des fruits rouges légèrement fondus par une petite cuisson. Cela se déguste sans moufter, c’est plein de parfums différents et de sensations à chaque bouchée.
J’aime beaucoup cette cuisine franche, directe, d’une efficacité redoutable avec ses épices et ses découvertes qui se fondent dans les assiettes bistrotières. On déguste, on profite et on ne se pose pas de questions (sauf sur le choix de plats à l’ardoise qui font tous envie) et cela semble partagé par toute l’assemblée.
Menu carte à 42 €, petites carte des vins, mais voyageuse et très accessible. Fermé samedi et dimanche.
Caïus, 6 rue d’Armaillé, 75017 Paris, 01 42 27 19 20, métro Argentine, Ternes