Clover Grill, par Elodie et Jean-François Piège

12 Jan 2017 • 750015 commentaires

Clover Grill, la nouvelle adresse d’Elodie et Jean-François Piège, a ouvert en décembre. Commençant doucement la nuit, la voici ouverte le jour également, puisque du lundi au samedi, on peut y déjeuner autour d’une formule et bien sûr de la carte. Je ne reviens pas sur tout ce que j’ai écrit ici sur Jean-François Piège (dont j’aimais la folie douce qui s’était emparée des dégustations que l’on faisait chez Thoumieux) qui officie maintenant au Grand Restaurant et sur mes repas chez Clover. Non, voici Clover Grill, une nouvelle page, à deux pas des Halles et axée sur la cuisson à la braise. La lumière qui agit ici est belle, le mobilier confortable, la vaisselle élégante et les fourneaux rutilants (je ne peux que vous conseiller d’aller les voir, avec leurs formes et leurs détails entre style ancien et contemporain, c’est ouvert et l’équipe dit bonjour avec enthousiasme). Qu’est-ce qu’ils sont beaux ! On aperçoit les braises sous la grille et les rôtissoires dont l’une fait tourner l’ananas (je ne savais pas encore ce qui m’attendait). Bref, le lieu est très réussi, chaque détail est extrêmement soigné, avec une chaleur et une forme de gaieté dans la carte, les propositions et ce qui arrive dès que l’on est assis : les feuilletés tout chauds (je suis en plein sujet feuilleté en plus).

Ah les feuilletés ! Les voici tout longs, tout fins, tout chauds, tout beurrés.

Pizza soufflée comme le chef Jean-François Piège la fait depuis quelques années maintenant, mais ici cuite sur la braise. Sur cette carapace de pâte, viennent quelques fines allumettes de lard, des saint-jacques crues, un peu de fromage dur et sec râpé, de la frisée fine, une crème un peu aigrelette et de la truffe. Cette petite montagne fait que vous découpez tout de façon un peu brutale, que vous formez une bouchée d’un peu de tout et que vous savourez des goûts intenses, des textures de moelleux, de sec, d’humide et de résistance et que c’est terriblement bon.

Voici une pièce de boeuf venue d’Australie, bien, bien persillée. Généreuse, elle est tendre, se mâche, elle a du goût, je mange tout sans y réfléchir et puis je suis bien après. Un peu de sauce béarnaise, mais pas trop (à la cuillère entre deux bouchées de viande). Moi j’aime une bonne viande avec du sel et du poivre, rien d’autre.

Elles sont mignonnes hein les petites grenailles. Mais j’ai particulièrement aimé les légumes cuits à la braise (on les aperçoit en haut à gauche). Carottes, betteraves multicolores sont enfermées dans des feuilles de choux. Certains des coins des légumes sont sucrés, d’autres ont pris des notes de braise, pas vraiment fumées, mais d’une cuisson à la braise, c’est très, très, très bon. Je vous les conseille absolument (un monsieur à côté de moi a aussi pris des frites pour info).

J’aime peu souvent l’ananas préparé en dessert. Le voici cuit à la rôtissoire, présenté avec un mélange de vanille et de piment d’Espelette. Chaque bouchée incroyablement juteuse envoie des milliers d’ondes de goût d’ananas et la chaleur des épices accentue le goût. Les bords sont un peu croûtés, le cœur est tendre, je n’avais jamais goûté une telle intensité. Pour l’accompagner, c’est une glace très agréable qui rafraîchit, lisse et fine à la mélisse et à la citronnelle.

Et le grand cookie servi comme chez Clover au moment du café, trop bon.

A la carte, poissons, crustacés, viandes, légumes, fruits, tout est passé sur la braise ou à la rôtissoire ! La démarche est vraiment intéressante, les produits sublimes et les cuissons très justes. La qualité a un prix. Si les formules déjeuner, 28 € (entrée et plat ou plat et dessert) et 35 € (les trois) sont bien accessibles, cela peut évidemment augmenter à la carte selon le choix. Les entrées sont à 15 € environ, les plats entre 25 et 70 € et les desserts aux alentours de 15 € (cet ananas !!!).

Clover Grill, 6 rue Bailleul, 75001 Paris, 01 40 41 59 59, métro Louvre-Rivoli, Les Halles

5 réponses à Clover Grill, par Elodie et Jean-François Piège

  1. Valerie dit :

    Caroline, bonjour,

    J’adore votre façon de décrire les aliments, les plats que vous degustez jamais avec aprioris.

    Justement que pensez vous des tendances sans. Je m’explique sans laitages, sans gluten, sans produits animaux ?

    Est ce concevable pour vous personnellement de devenir végétarienne voir vegan un jour ou pas possible parceque ça vous priverez de trop de bonnes choses (beurre, viande, chocolat lait caramel etc.. ) et de notre culture gastronomique ? Pouvez-vous me dire ce que vous en pensez en tant que critique gastronomique ?
    Très cordialement.
    Valérie

    • Merci Valérie pour votre message. En tant que journaliste gastronomique, j’observe effectivement tous ces phénomènes, j’essaie de comprendre, mais je ne porte aucun jugement. Il y a des intolérances, des allergies, des recherches de mieux être, des engagements, des convictions et cela regarde chacun. Personnellement, il m’arrive de ne pas consommer de viande durant une ou plusieurs journées. Il m’arrive aussi de ne pas consommer de légumes, car je n’en ai pas sous la main ou parce que je déguste des viennoiseries (comme en ce moment pour un sujet) et que je n’ai envie de quasiment rien d’autre. Bref, ce que je veux dire, c’est que je m’adapte à ce que j’ai ou là où je suis. L’important pour moi est d’écouter mes envies, mon appétit et d’équilibrer le tout sur la semaine. Et je n’ai jamais songé à devenir végétarienne ou vegan, je suis omnivore, j’aime manger de tout. J’espère avoir répondu à vos questions !

  2. michel dit :

    « La démarche est vraiment intéressante » : c’est vrai que c’est vraiment intéressant d’importer du bœuf d’Australie.

    • Les appréciations varient. Certains diront que l’on ne trouve pas de viande française grasse comme il faut, d’autres diront que c’est exotique, excitant de lire sur une carte des viandes qui viennent des quatre coins du monde. Effectivement, il ne vaut mieux pas calculer le bilan carbone d’un morceau de viande d’Australie (quand on sait déjà ce qu’un élevage de boeuf consomme).

      • Abépé dit :

        Justement si, il vaut mieux calculer le bilan carbone de ce que l’on mange, ce que l’on consomme. Car cette vision court termiste est vouée à disparaitre. L’égoisme des générations passées tend à perdre celles du futur. Tout ca pour un petit plaisir égocentré qui n’est meme pas bon pour la santé et encore moins pour la planète. Alors peut etre devriez vous infuser un peu de bon sens de conscience dans votre démarche alléchante sur papier et nauséabonde parfois en essence.
        Bravo néanmoins pour vos reportage et votre gourmandise, mais avec moins d’hypocrisie tout de meme…

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