Après quelques jours à Valence et des restaurants testés au hasard (enfin presque, j’avais les pages du guide Michelin Espagne photocopiées et le guide Wallpaper en permanence sous la main. Non, je ne sais pas faire dans l’improvisation), je vous fais part d’un dîner délicieux dans un restaurant de la ville nommé El Poblet. Le chef Quique Dacosta, dont le restaurant du même nom est situé à Dénia à 100 km de Valence, est à l’origine de l’ouverture et fait très amusant, il dînait à table juste derrière nous le soir de notre venue. Ne le connaissant pas personnellement (mais je l’ai reconnu après l’avoir vu en démo à Omnivore), je n’ai pas osé aller me présenter à lui, mais l’anecdote m’a amusé. Au pied d’El Poblet, le bar à tapas Vuelve Carolina (Dacosta en est aussi à l’origine) a l’air très sympa aussi. Toujours est-il que pour parvenir au restaurant, il faut grimper au premier étage. Une équipe toute douce et souriante vous accueille. Il est 20h45, on est évidemment les premiers. Le décor contemporain est confortable, épuré, dans des teintes claires avec un pilier central recouverte de motifs aux couleurs très vives. La table roulante bourrée de spiritueux est agréable à l’œil. D’autres tables que la nôtre sont plus isolées, mais moi j’aime bien être entourée des autres. Sauf qu’il n’y a personne, j’espère que ça va changer et que d’autres arrivants vont couvrir cette musique d’ascenseur pas terrible. Vous savez quoi ? C’est au moment de notre départ vers 22h30 que la salle sera comble (on est en Espagne). Pas de carte, deux menus dégustation, l’un à 45 euros et l’autre à 60 euros, c’est raisonnable pour un restaurant qui a une étoile. On opte pour le premier, c’est parti.
Des chips de riz soufflé incrustées d’algues nori et une émulsion au dashi, ça se croustille sans réfléchir et je vais tenter de gratter le fond d’émulsion dans le cornet sans succès (pour vous dire comme c’est bon).
Une grosse tuile aux cacahuètes cultivées dans une région de l’Espagne nous explique la jeune femme en salle (j’aime bien l’idée, ça m’intrigue et des cacahuètes dans un restaurant étoilé, c’est si rare et moi j’adore ça les cacahuètes) et un pot de crème au parmesan dessus et à la roquette dessous. Cela se laisse croustiller avec contentement.
Le pain de la maison au maïs, dont on se sert chacun un morceau, j’essaie de ne pas en abuser.
Là, ça envoie du lourd côté acidité, j’ai tout l’intérieur de la bouche qui réagit et je cligne des yeux dès que je goûte ces petits oignons rouges traités façon pickles, garnis d’émulsion à l’anguille fumée, de petits œufs de poisson, d’un filet d’huile et d’un grain de pomme ou d’un pignon, c’est dingue, je ne me souviens pas.
il y avait cette tuile pour accompagner qui contrebalançait du côté du sucré. Maïs, fromage et sucre à la couleur dorée. L’ensemble était surprenant, esthétique, mais presque diffus pour moi.
Un plat créé par le chef en 2001 nous explique la jeune femme et dont la forme n’a pas changé depuis sa création. Royale de foie gras dans le fond, gelée de rhum et de coca et citron glacé. Les feuilles n’étaient pas indispensables selon moi. Foie gras et « cocktail cuba libre » en somme, c’est plutôt ludique d’approche. C’est très généreux en proportion en fait, au bout de quelques bouchées, j’arrive un peu à saturation (et non, ce n’est pas le fait que je n’aime pas le coca et que je n’en bois qu’en cas d’extrême d’urgence, c’est à dire en remède anti gueule de bois). Le foie gras délayé en royale manque de puissance (c’est l’essence de la royale, je sais) face à la gelée rhum coca assez sucrée.
Dans son paquet rouge, la crevette de Dénia (une crevette de la région de Valence). On ouvre le paquet (moi j’ai du mal à manger dans du plastique, mais comme on la mange avec les doigts, il n’est pas question ici de couper avec fourchette et couteau dans le plastique). Bref, je décortique la crevette encore chaude et très juteuse, en bouche, c’est salé à la perfection, maritime, tendre et ferme, extrêmement juteux, c’est incroyablement bon (oui, je parle d’une crevette nue).
Pâtes fines, à peine plus grosses que des vermicelles, mais terriblement fermes et noyées dans l’encre de seiche. De l’ail nouveau, une mousse de je ne sais plus (je l’ai déjà dit, mais je trouve la mousse superflue, cela me fait toujours penser à celle d’un bain moussant que j’interdis à ma fille de goûter et pour l’avoir goûtée enfant, j’ai des souvenirs de mauvais goût de savon forcément) et un plat d’un délice absolu. Plus de simplicité dans l’apparence, une association imparable, je me régale. Et puis cette texture de pâte est vraiment inédite, travaillée comme une paella je crois, qui a cuit dans un bouillon serré et dense, le résultat est vraiment bon.
Photo qui rend la fibre de la viande un peu floue, je suis désolée. Voici le morceau de black angus et ses champignons confits. La viande assez persillée de nature se coupe tendrement et avec les champignons, c’est vraiment bon.
En dessert, le « chutney de mangue ». De fines tranches de mangue cachant un tout petit peu de gelée à la vanille (j’en aurais pris 10 fois plus je pense, elle était transparente, un peu sucrée, sans couleur et avec des grains de vanille et un parfum sublime) et un petit cube de mangue épicée, salée et confite comme du chutney. Les petites feuilles de menthe envoie de la fraîcheur comme jamais (je me demande bien quelle était la variété). C’est très agréable, léger, même un peu trop.
Le ruban qui fermait le paquet rouge, avec Quique Dacosta dans le fond (flouté bien sûr), si c’est pas beau.
Un joli repas dont les plats les plus simples m’ont beaucoup plu. J’ai également bien apprécié l’équipe hyper pro et douce avec les parfaites explications de chaque plat et des suggestions de vins sublimes.
Menu au déjeuner à 30 euros et le soir, menus à 45 et 60 euros. Les prix sont raisonnables comme je vous le disais.
El Poblet, Correos 8, Valencia, +34 961 111 106