Joli petit bistrot ouvert il y a quelques mois, Frenchie remporte bien des suffrages auprès des confrères journalistes, mais également auprès de la clientèle.. Il s’agit d’appeler assez vite en début de semaine pour se frayer une place au déjeuner dans les jours qui suivent. Quant au dîner, prenez-vous y bien quelques 15 jours avant… La rue du Caire, étroite, secrète, pavée, pleine de charme à deux pas de la rue de Montorgueil. La salle de Frenchie un peu dans le même esprit, étroite, ponctuée de quelques tables de bistrot, de banquettes, de boiseries, d’un joli mur en briques, à travers lequel on aperçoit une lucarne (le passe-plat), quelques gestes de cuisine et la solitude du chef. Oui, celui-ci est seul en cuisine, une véritable gageure compte tenu de la promptitude à laquelle les plats seront servis, de l’efficacité et de la gourmandise qui se dégage d’ici. Avant tout malentendu, je passe à table (aux aveux) : le chef, Grégory Marchand, est né à Nantes (moi aussi), en 1978 (moi aussi) et s’est très vite tourné vers la cuisine (moi aussi), je vous promets que tout ce qui suit n’est absolument pas influencé. Sans oublier l’exquise Sophie en salle à l’heure du déjeuner, la douceur incarnée…
Direction l’entrée (et des photos bien moins heureuses que la réalité, la lumière est un peu juste pour les photos) dans le cadre de la formule au déjeuner, comprenant un choix de 2 entrées, 2 plats et 2 desserts.
Velouté de céleri versé en direct sur un jus de cresson et une petite montagne heureuse de dés de poire, de noisettes légèrement torréfiées et de petits croutons, sans oublier les petites pousses très chlorophylle. Céleri, poire, cresson, ça fonctionne à merveille, dans la chaleur et la tiédeur, le croquant et le fondant. Une entrée heureuse, tout en confort et en harmonie.
Gnocchis généreux, tout en robustesse et en élasticité, j’ai été conquise par leur moelleux délicieux, sur un ragoût d’agneau aux parfums enchanteurs. Le ragoût, en France, a souvent une image un peu écornée (le nom fait peur, comme si on y mettait n’importe quoi, on lui préfère « mijoté »). Et pourtant ragoût = ragoûtant (à ne pas confondre avec « dégoûtant », puisque « ragoûtant » veut justement dire « appétissant »). Un plat mijoté de saveurs (c’est tout ce que j’aime personnellement), de l’agneau fondant, des zestes de citron, de la tomate et plein d’autres aromates, sans oublier quelques éclats d’olives noires et de parmesan posés dessus au dernier moment. Le plat chaud, fondant, moelleux, on ne peut plus réconfortant et qui cache quelques parfums inattendus.
Elle est annoncée ainsi, tarte au chocolat, huile d’olive et fleur de sel. Une pâte craquante, une garniture incroyable de fondant et de légèreté : chocolat aérien qui fond aussitôt en bouche, avec ces pointes de fleur de sel qui réveillent le cacao et nos papilles en passant. Sur le côté, un caramel coulant aux fruits de la passion, divin. Peut-être vous demandez-vous où passe l’huile d’olive, à vrai dire moi aussi, je pense qu’elle apporte le brillant à l’appareil au chocolat, le lisse et le rend encore plus onctueux.
Saveurs associées épatantes, accords osés (huile d’olive, chocolat), ragoût enchanteur, je me permets d’ajouter que le chef a passé quelques huit années au restaurant londonien de Jamie Oliver (Fifteen) et que ce côté décomplexé, hautement gourmand et accessible de la cuisine fait plaisir à voir et à goûter dans les quartiers de Paris.
Formules à 19 et 21 € au déjeuner, formules autour de 30 € le soir à dîner. Ouvert du mardi soir au samedi soir.
Frenchie – 5 rue du Nil, 75002 PARIS, T 01 40 39 96 19, Métro Sentier
Je trouve que l’expression « ragoût » a ce petit côté délicieusement rustique et (du coup) authentique, alors que « mijoté », ça fait un peu pédant quand même.
En tout cas, ce menu me ragoûte bien. 🙂
comment cette adresse a pu devenir la plus surcotée de l’année 2009 demeure un mystère ?
Vous l’avez testée ?
oui
Si cette table est surcotée, j’aimerais savoir quel restau trouve grâce aux yeux de TVNomics, car je trouve que c’est une cuisine inventive, maitrisée et enthousiaste.
le potage est à tomber, je retiens les assoc’…Quand à la tarte peut-être que l’huile d’olive est dans la pâte à tarte…