Guilo Guilo

18 Avr 2008 • 7501816 commentaires

Attention événement ! Voici l’une des plus belles ouvertures de ce printemps, j’ai nommé Guilo Guilo ou la cuisine japonaise revue par Eiichi Edakuni, un chef de 34 ans qui a bouleversé les sens des Kyotoïtes pendant quelques années (imaginez, il fallait jusqu’à plusieurs mois avant de pouvoir réserver, j’ai même entendu 2 ans et demi…). L’envie de s’installer à Paris était trop forte pour Eiichi, après des mois d’élaboration de projet et de travaux, voici enfin Guilo Guilo, un restaurant japonais qui risque de faire des émules très, très vite, si ce n’est déjà fait. Un design signé Christophe Pillet (auteur, entre autres, de la magnifique boutique Shu Uemura située boulevard Saint-Germain à Paris et du Bar du Port à Saint-Tropez), qui mêle les noirs en toute quiétude, alternant la brillance du comptoir et la matité des bois qui épousent les murs. L’épure et l’obscur créent un sentiment de bien-être, avec cet éclairage franc qui sublime les plats, décuplant les sensations et l’envie… Autour du comptoir, on est tous identiquement positionnés (j’aime bien ce côté égalitaire, tous logés à la même enseigne), alignés les uns à la suite des autres sur de hauts tabourets, à regarder Eiichi, dévorant des yeux la prochaine création…  En France, on connaît peu cette réunion des âmes (gourmandes) autour d’un chef, on est là pour lui et il nous le rend bien, voyez…

196-Guilo-GuiloFlan aux œufs cuit à la vapeur (lorsqu’Eiishi soulève le couvercle, vous avez droit à un léger souffle de buée), velouté de petits pois discret et chair de crabe posée dessus. La délicatesse vous envahit, vous êtes zen.

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Assortiment fou de préparations toutes plus savoureuses les unes que les autres. A gauche, une fleur d’igname cuit à la vapeur (une texture divine), au fond, un cube d’aubergine confite et une herbe qu’Eiichi a tapé dans ses mains avant de la poser pour en dégager tous les arômes, du tofu dans sa coupelle à gober d’un coup, un mélange (au premier plan) de champignons et de courgette au sésame absolument délirant (provoquant chez moi un délire des sens), du liseron d’eau légèrement fondu, une crevette résistante…

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Un bouillon simplement parfumé au poulet grillé et déshydraté (on ne le voit plus mais on sent ses notes presque grillées, caramélisées, presque sucrées), du chou encore un peu croquant, une coque savoureuse.

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Je fais un aparté sur la vaisselle, elle vient exclusivement du Japon et révèle délicieusement ce qu’elle contient, des matériaux différents, des coupes, des couleurs, de la finesse…
Ici, des poissons vus différemment, un thon rouge et presque transparent et un filet de maquereau grillé au chalumeau par le chef devant nos yeux, ce dernier est époustouflant.

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Attention les yeux, sushi de foie gras ébouriffant. Au début, vous avez quelques suspicions, du riz, du foie gras… Le riz est délicieusement amalgamé, d’une fermeté à toute épreuve et d’une qualité rare, le foie gras légèrement poêlé se révèle soyeux et sur le dessus est posé du gingembre finement râpée et fondu. Une bouchée délicatement équilibrée, chaude et fraîche, soyeuse et ferme. A côté, une demi sphère de pomme vinaigrée…

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Travers de porc très finement tranché et bien saisies, ils collent presque aux dents tellement ils sont caramélisés. Pointes d’asperges blanches et vertes, tomate confite et acidulée et quantité de miso (beige sur le dessus et vert sur le côté, celui-ci est parfumé à la ciboulette) pour donner du parfum, de l’onctuosité.

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Le bol de riz traditionnel pour finir un repas. Celui-ci est garni de poisson (je ne sais plus lequel, pardonnez-moi) roulé dans le sésame noir finement broyé, d’algues et de wasabi (manque de chance, j’ai plongé celui-ci dans le bouillon et l’ai avalé d’une traite avec une bouchée de riz, j’ai bien cru m’étouffer quand mon nez, ma gorge et mes yeux s’en sont imprégnés…)

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Pour finir, une glace au thé torréfié, des saveurs de réglisse, de tabac, une couleur déconcertante. Je vous laisse découvrir.

Tout ceci fut accompagné de sakés, de shoshu, d’umeshu… tant de saveurs, de parfums et d’alcools à découvrir, l’ivresse finit par vous gagner.

Menu entre 8 et 10 plats : 45 €, Guilo Guilo n’est ouvert qu’en soirée, vous imaginez que toutes ces préparations assemblées ou saisies au dernier moment demandent beaucoup de temps au préalable, ce à quoi se consacre Eiichi tôt dans la journée.

Guilo Guilo
8 rue Garreau
75018 PARIS
T 01 42 54 23 92
Métro Abbesses

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« Sobane

16 réponses à Guilo Guilo

  1. Eliz dit :

    Je ne sais où donner de la tête avec ces belles adresses japonaises que tu nous fais découvrir!
    La cuisine japonaise d’Eiichi correspond tout à fait à ma vision de la « vraie » cuisine japonaise qui éveille tous les sens!
    Rien que ton second plat me fait fondre!
    Merci pour ce billet!

  2. christine dit :

    En voyant toute cette belle vaisselles et ces plats je me demandais à quel prix cela allait monter… et fort heuresement c’est très raisonnable! Merci pour ce bon conseil.

  3. J’adore le talent des Japonais pour trouver des noms de restaurants improbables : Guilo Guilo ! C’est tellement kawaï !!!

  4. Flou dit :

    L’article donne envie de se précipiter dans ce lieu où la nourriture semble bougrement délicieuse.

  5. Chrisos dit :

    Christophe Pillet a aussi fait la déco d’un Costes, le Bertie

  6. Caroline M dit :

    – Eliz, il faut très, très vite réserver. J’ai crû comprendre qu’il y avait déjà eu des désenchantés ce week-end.
    – Christine, c’est exactement la réflexion que je me suis faite, la vaisselle, le savoir-faire, l’infinie dégustation… le prix est raisonnable, c’est du côté des saké que ça peut faire mal, surtout si l’on est féru de saké comme moi.
    – Thierry, Guilo Guilo, c’est jouissif à dire, je te l’accorde !

  7. Vieng-Khaï dit :

    Hi,
    Après 22h00, le repas dégringole à 16EUR… pour les (quasiment) les mêmes plats. Pour info, une salle derrière pouvant accueillir 4 et 6 personnes autour d’une petite table et d’un canapé velours rouge. Moins de charme que le comptoir mais visite régulière du chef pour vous présenter les plats.
    Eiichi est de Kyoto et sa cuisine s’en ressent : légumes de saison et surtout peu de sauce de soja.
    Et comme tout bon Kyotoïte qui se respect, il tend à exagérer les anecdotes/histoires qu’il peut nous raconter. Mais cela n’enlève en rien au charme de sa cuisine et son nouveau restaurant.
    Vieng-Khaï

  8. Gigi dit :

    Bonjour,
    Nous étions jeudi dernier à cette superbe adresse.
    Nous avons passé un moment très très agréable.
    Pour info, le menu sera renouvelé début juin.
    Saké un peu cher par contre. Nous avons prix une bouteille de saké pétillant, sympas mais pas non plus transcendant.

  9. Caroline M dit :

    – Vieng-Khaï, merci pour l’info sur la petite salle dont je n’ai pas parlé et cet éclairage amusant sur la personnalité du chef.
    – Gigi, je suis ravie que a vous ait plu. Concernant le saké, c’est une boisson très chère dans tous les cas, dès lors qu’on aborde la qualité. Reste plus qu’à se mesurer… Quant à au pétillant, me concernant, je l’avais bien apprécié.

  10. Pascal dit :

    Absolument fabuleux. Je suis arrivé samedi dernier peu avant 19h00, l’équipe terminait de se préparer. J’ai donc assisté à la mise en place, et à la montée de la pression. Et en plus du repas excellent, j’ai adoré l’ambiance, avec le chef toujours souriant qui discute avec les clients, et les serveuses charmantes, souriantes, disponibles, pleines d’attention tout en restant décontractées. Un vrait service comme au Japon : efficace, agréable, convivial, en toute simplicité sans se la jouer. En plus, Caroline était au comptoir : bravo pour son professionnalisme 🙂

  11. Caroline M dit :

    – Pascal, merci pour votre commentaire auquel j’adhère du début à la fin. Se serait-on croisé ? C’est drôle !

  12. julia dit :

    J’espère qu’il n’y a pas trop d’attente, je ne suis allée qu’au restaurant de kyoto au moment de l’ouverture il y a quelques années et récemment plusieurs fois. Je n’ai jamais été déçue. Voici des photos du menu du mois d’août à kyoto: http://madameyoshino.blogspot.com/2009/08/giro-giro.html

  13. Véronique C dit :

    Vu le délai d’attente pour êtres les heureux convives de ce moment unique, osez tenter votre chance en réservant au dernier moment car les désistements existent…
    Un pur enchantement pour nos papilles !!! Un décor sobre nous plonge dans un univers noir aux lumières franches et créé ainsi une atmosphère très épurée qui subliment les plats…
    A (re)découvrir sans hésiter !

  14. Véronique C, mmh, ça fait longtemps maintenant, il faudrait que je tente ma chance !

  15. Anne dit :

    bonjour je cherche un très bon restaurant japonais traditionnel à Paris (si c’est pour manger que des sushis et makis, cela ne m’intéresse pas). on m’a suggéré le GUILO GUILO ou le TAKARA. je crois que les 2 sont assez chers et très bons. mais si qqu’un pouvait me conseiller, ce serait super sympa. par avance merci. Anne

  16. Ariane dit :

    Bonjour Anne, Guilo Guilo délicieux menu non traditionnel en 7 plats à moins de 50 euros mais le plus difficile est d’avoir une place ; Takara : du grand classique. Pour un vrai menu kaiseki d’une grande finesse (mais cher), je recommanderais Juan dans le 16eme.

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