Kei Kobayashi, chef d’origine japonaise passé par de grandes maisons françaises, la dernière en date étant le Plaza Athénée pendant 7 ans, avec Jean-François Piège, puis Christophe Moret, ça vous forge un cuisinier… Jusqu’à l’année dernière où il décide d’ouvrir sa maison. Cela finit par arriver il y a 4 mois rue du Coq Héron précisément, en prenant la suite d’un autre grand chef français Gérard Besson. Voilà pour l’introduction, c’est juste histoire de vous faire saliver (quoique qui salive aujourd’hui à la lecture d’un CV ?). Non, ce que je veux vous dire, c’est qu’il en a sous le capot et que malgré un espace blanc, gris, certes très chic, mais peut-être un peu terne aussi, sa cuisine fut sacrément lumineuse à l’heure du déjeuner dans le cadre d’un menu proposé pour la modique somme de 38 €. Attendez de voir un peu… Reste que la clientèle est ultra business à midi, ça ne rigole pas franchement dans les coins, le service un peu tendu fait tout ce qu’il peut pour vous être de bon conseil (en vin, il y a une carte exceptionnelle selon quelques spécialistes). Le soir, c’est différent d’après le chef avec qui je me suis entretenue ensuite, clientèle plus variée, plus venue de tous pays. Moi à midi ça ne m’a pas empêché de goûter mon plaisir, même si quelques coups d’oeil interrogateurs peuvent figer un peu dès l’entrée (oui, femme, seule, 33 ans, ce n’est pas courant), mais à vrai dire, j’ai tellement l’habitude depuis toutes ces années que je n’en perds pas une once d’aise pour autant.
Saumon, crème d’aubergine, allumettes de cédrat un brin confit, terriblement bon.
Foie gras mariné aux fruits rouges et champ des possibles dans l’assiette.. Autant les fruits rouges ou la rhubarbe tous légèrement confits avec le foie gras, ça pulse, ça rafraîchit, ça envoie, autant les petites meringues aux fruits rouges se démarquaient par un excès de sucre. Petits champignons, mizuna, gingembre, on ne savait plus trop où donner de la tête.
On revient à l’essentiel avec cette entrée, parmi les meilleures goûtées ces dernières semaines (mois peut-être, je ne sais pas). Gaspacho à la tomate presque doux et pourtant un peu acidulé, avec l’esprit de la tomate vraiment présent, mousse de maïs crémeuse, éclats de pistache, de crumble et grosse gambas juste saisie. A côté, petit pot de pop corn au piment d’Espelette (c’est idiot hein, mais j’adore le pop corn). Original, bien construit, détonnant.
Filet de bar à la peau très croustillante, on me précise bien qu’il faut tout déguster en même temps. Effectivement, il y a accroché à cette peau de bar un fin craquant à base de farine de riz ou je ne sais quoi, qui rend le tout intrigant et délicieux. Chou, courgettes, croûton à l’ail et pesto délicat dans le fond, irrésistible. J’ajoute que la vaisselle qui se partage entre France et Japon et celle du Japon en l’occurrence est sublime.
Les fruits rouges, version soufflé et petit crumble avec une glace au fromage blanc. Le soufflé est bien réussi, craquant un peu sur le dessus et très fondant dedans avec cette impression de blanc d’oeuf juste monté.
Les mignardises ! Caramel bien breton, petits sablés avec un peu de fleur de sel et sorte de panna cotta, fond de fruits rouges et matcha.
Vous l’aurez compris, à midi, c’est une aubaine de fou à midi pour le prix, mais pour l’ambiance, c’est plus déjeuner entre amis initiés que déconnade, sinon très bien pour impressionner vos collaborateurs ou votre famille… Menus au déjeuner à 38 € (4 plats) et 48 € (5 plats) avec un choix au niveau du plat ou des plats, le soir, 75 € (6 plats) et 95 € (8 plats)
Kei, 5 rue Coq Héron, 75001 Paris, 01 42 33 14 74, métro Les Halles, Louvre-Rivoli, Bourse, Sentier
Merci pour ce bel article et ces photos superbes. Je confirme que les menus dej sont de véritables aubaines. Souhaitons bonne continuation au chef.
Je partage entièrement ton avis sur la cuisine de Kei, précise, graphique et pleine de surprises. Seuls regrets que j’avais eu lors de mon diner de mars dernier, la déco très dioresque et froide et le service un poil crispé et (trop) présent. Certainement l’héritage de son passage chez de grands étoilés.
Visiblement, on se retrouve tous sur cette adresse, cuisine, décor, service !
J’ai visité Kei au printemps et se fut une grosse déception car si on est dans la précision et effectivement dans le graphisme, j’avais été franchement déçu par la qualité des produits (peu expressif) et une surcuisson du bar…
De plus, le service avait été très très moyen
A revoir
J’ai eu l’occasion de déguster les mêmes assiettes avec le même plaisir !
Concernant le Bar, il me semble qu’il n’y a aucune farine. Le bar cuit à l’unilatéral et avec ses écailles, celles ci sont soufflées ….ce qui donne cette incroyable croustillant !
Elodie, la question est là justement, comment fait-il souffler ses écailles ? Juste avec la cuisson ? Je ne pense pas, il y a autre chose…
Merci pour ce bel article qui met l’eau à la bouche, même si je le découvre bien tardivement…
Intéressé pour aller faire un tour chez Kei à mon tour, savez-vous s’il y a une carte chez Kei ou c’est un menu qu’on découvre une fois l’assiette devant vous?
Jérôme, il me semble que c’est un menu « imposé » au déjeuner (avec peut-être le choix de la viande ou du poisson en plat). Mieux vaut appeler pour être sûr.
Merci pour ce bel article ! J’ai enfin pu y aller cet été, et c’était une très bonne découverte ! J’avais lu tout un tas de commentaires positifs mais je ne m’attendais à ce que le niveau soit si élevé.
J’y suis allé au déjeuner et le menu dégustation le moins cher est à 45€ pour mise en bouche, 2 entrées, plat et dessert, autant dire une vraie aubaine ! Toujours plaisant de se faire un étoilé à ce prix.
Seul bémol, la carte des vins… Très difficile de trouver une bouteille à moins de 50€ !
Très curieux de voir comment va évoluer ce restaurant.
J’ai très envie d’y retourner ! Merci de votre retour.