Il aura fallu que je sois invitée par une journaliste japonaise à fureter dans le XVe arrondissement de Paris pour découvrir ce lieu. Comment le définir… En quelques mots, brasserie, Belle Epoque, chic absolu, discrétion. Il semble qu’il n’ait pas bougé depuis son ouverture (j’ai cru lire quelque part « un siècle »), et en même temps, le décor semble non pas inspiré d’aujourd’hui, mais conçu aujourd’hui. Comptoir sublime dans l’entrée, immenses glaces sans tâches, banquettes rutilantes, tapis moelleux qui épouse l’escalier grimpant aux toilettes et aux petits salons (ça me plonge toujours dans une atmosphère du passé de monter des escaliers ornés de tapis). Il y a aussi comme un souffle british, dans les velours et les luminaires et une distinction dans les recoins qui permettent d’être à l’abri des regards, en famille, en couple, entre amis, de manière très cosy. Le genre de chic pas donné à toutes les brasseries, le lieu qui correspond à toutes les occasions (un peu La Cigale de mon enfance à Nantes), classique, intemporel de bon goût et moi j’ai l’air de parler comme une journaliste d’il y a trois générations. C’est aussi ça le métier, savoir se fondre dans toutes les atmosphères, les classes sociales, les classes d’âge. Comprendre comment fonctionnent les gens, ce qu’ils attendent, ce qui les met à l’aise. Ce jour-là à La Gauloise, la clientèle est chic, parisienne du quartier et tous les âges sont représentés (certains un peu moins que d’autres, je ne peux dire le contraire).
Sauf qu’il fait tellement beau (vendredi dernier) que mes accompagnateurs décident de prendre la terrasse. A la carte, les prix chiffrent vite (minimum 40 €), par contre, le menu à 23 € (entrée-plat ou plat-dessert) est salvateur. Tartare en plat direct, toujours aussi peu photogénique celui-ci. Il est indiqué que la viande de boeuf provient de l’élevage de la maison en Aubrac. Très hachée la viande, je l’aime avec un peu plus de mâche, servie déjà assaisonnée, mais bien assaisonnée et autre bon point, servie presque à température ambiante (surtout pas glacée). Les frites, type allumettes, se défendent bien. Je me promets de ne pas finir l’assiette de frites, j’ai déjà abusé du pain-beurre d’Echiré (demi-sel), c’est râté.
Quitte à revenir en arrière, autant aller jusqu’au bout en choisissant une « coupe glacée ». Sorbet aux fruits de la passion bien acidulé, chocolat fondu et meringue qui colle un peu aux dents. Pas mal, mais la star de La Gauloise c’est lui…
Le Paris-Brest (qui n’est pas dans la formule) à qui la photo ne rend pas justice. Sa taille évoque celle d’un gâteau pour 2 personnes. Pâte à chou fraîche comme tout, craquante sur les bords et fondante à l’intérieur et surtout cette crème aérienne au praliné sans beurre. Je pense à une chantilly au praliné, donc légère, légère, qui fait qu’on peut le manger sans s’arrêter, un peu comme le Saint-Honoré goûté ici.
Formule à 23 € le midi, à la carte, comptez 40 €, ouvert 7j/7.
La Gauloise, 59 avenue de la Motte-Picquet, 75015 Paris, 01 47 34 11 64
sympa mais dommage ces tarifs
Un resto qui sort des sentiers battus, chouette. On a trop tendance à croire que le 15ème est pauvre en bonnes adresses.
– Sylvie, c’est clair que ce n’est pas donné.
– Cocottes, moi je n’ai jamais cru que le 15e manquait de bonnes adresses, bien au contraire ! C’est l’arrondissement qui concentre le plus de bistrots à l’excellent rapport qualité prix, le truc, c’est que sorti des bistrots justement, ça devient compliqué, en dehors de quelques bonnes pioches coréennes, japonaises ou italiennes.