La Grille

30 Jan 2009 • 750106 commentaires

L’adresse m’intriguait depuis des lustres, certains journalistes m’en disaient le plus grand bien. Il était temps de franchir la porte, surtout qu’on me prévenait aussi de l’âge certain de ses tenanciers et de la possibilité que l’adresse un jour (bientôt) disparaisse. Vous êtes sur la rue du Faubourg-Poissonnière, pour le coup pas très poissonneuse en bonnes adresses. La Grille se fait discrète, de l’extérieur, on aperçoit quelques dentelles, mais celles-ci ne laissent rien passer. Une fois à l’intérieur, vous êtes accueilli par Geneviève, une tenancière digne de ce nom, forte en gueule et en tout (je l’entends même pousser des « Seigneur Dieu » à une ou deux reprises. Depuis combien d’années n’avais-je pas entendu « Seigneur Dieu »), qui semble étonnée les premiers instants de voir une jeune femme en solitaire, mais qui m’oubliera vite fait. La petite salle ne ressemble à aucune autre, une de ces ambiances qu’on croyait à jamais disparues. Les murs sont recouverts d’une couleur bordeaux verni d’un autre temps, les plantes et les dentelles absorbent un peu de lumière, mais celle-ci est réchauffée par des petites lampes disposées un peu partout. Au sol, c’est un carrelage ancien de toute beauté. Et admirez la collection de casques (de pompier au képi), en passant par celle de chapeaux de paille (peut-être portés par Geneviève dans ses jeunes années) disposée le long des murs depuis la nuit des temps (pas trop poussiéreux quand même, je vous rassure). Il y a même une robe en dentelle (de communiante ?) taille enfant, accrochée dans un coin de la salle. Nappes et serviettes blanches sont tendues sur chaque table, prête à accueillir une vingtaine de convives, pas plus. Pour seconder Geneviève, le serveur au collier de barbe et à la mine assombrie arrive gentiment pour nous donner la carte. A côté de ma table, il y a pléthore de guides gastronomiques et cette version plus qu’A3 d’une photocopie couleur d’un papier de Jean-Luc Petitrenaud vantant les mérites de l’adresse de Geneviève et Yves. Yves est en cuisine… Allez, je ne vous en dit pas plus, je vous laisse découvrir la suite.

253-GrilleUne terrine de faisan aux noisettes pour commencer. 2, 3 cornichons et un brin de frisée cachée, j’ose le dire, pas des plus ragoûtantes qui soient. Le dessin formé par les filets de faisan, les joints et celui formé par les noisettes tranchées me met encore plus appétit. On remarque aussi quelques pistaches, la tranche est ferme, savoureuse, assez salée aussi.

253-Grille2

Chateaubriand ensuite, la pièce de filet de bœuf fait 3-4 cm d’épaisseur, on la dirait presque braisée, puis saisie à feu vif, ce qui lui donne un côté moelleux, très tendre, saignant comme je l’ai demandé avec une surface grillée, bien caramélisée, presque croustillante. Un délice ! Sur le dessus, elle a droit à son morceau de beurre persillé, derrière la feuille de la salade, pas plus ragoûtante que tout à l’heure et pour l’accompagner, c’est une sorte de gâteau de tranches de pommes de terre sautées. Celles-ci ont été sautées au beurre, puis réunis dans une sorte de moule pour former ce gâteau franchement costaud, bon, mais je n’en viendrai pas à bout.

A la carte uniquement, comptez 30 € (entrée et plat), 40 € (entrée, plat, dessert).

La Grille
80 rue du Faubourg Poissonnière
75010 PARIS
T 01 47 70 89 73
Métro Poissonnière

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6 réponses à La Grille

  1. Laurent Jouanne dit :

    Et alors ? Un petit coup de mou ? Pas de dessert ? Conclusion ? On y va ou pas ?

  2. Caroline M dit :

    J’entends déjà ceux qui seront emballés comme la tablée d’affaire à côté, et ceux qui trouveront que c’est de l’histoire ancienne, que le crabe – macédoine n’a plus d’intérêt, pas plus que le pavé de boeuf sauce au poivre le turbot au beurre blanc ou les profiteroles, le tout servi dans un décor appartenant au passé. Pour moi, ça vit encore, c’est bon et c’est peut-être en voie de disparition (surtout la robe en dentelle et la collection de chapeaux de paille).

  3. Papa Anonyme dit :

    Miam !
    Effectivement, je rejoins l’ami Laurent : que s’est-il passé pour que vous zappiez le dessert ?
    😉

  4. Caroline M dit :

    Il s’est passé du bon et du bien, mais la période actuelle se voulant très copieuse en tests et en dégustations, j’avoue, cela m’arrive parfois de zapper le dessert. Et pourtant, les profiteroles ou la crème au caramel étaient de véritables pousses au vice 😉

  5. Ségolène dit :

    Bonsoir Caroline,
    Je vous conseille à proximité un petit resto bien caché, dont le nom ne se transmet généralement que sous la torture: le Café Panique, 12 rue des Messageries. L’endroit est idéal pour un repas en amoureux.

  6. Merci Ségolène, et oui je connais le Café Panique (il est dans mon guide)…

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