Aujourd’hui, je vous emmène dans un petit village du Lubéron, Cucuron (ça ne s’invente pas), perdu entre les vignes, les moulins à huile d’olive et les rûches des apiculteurs. Une région aussi pourvue de bons produits ne pouvait que me séduire, j’y ai passé quelques jours cet été et à la découverte de ce qui va suivre, je n’ai pas pu m’empêcher d’y revenir dans le cadre de mon activité. A l’automne, la lumière était éblouissante de clarté, le village connaissait à nouveau la plénitude et le bassin de l’Etang bordé de platanes bicentenaires n’accueillait plus que quelques visiteurs. La Petite Maison apparaît, égale à elle-même, dirigée par Eric Sapet, à la fois au moulin et aux fourneaux, à ses cours de cuisine qui cartonnent littéralement, à ses maraîchers, ses cueilleurs de champignons, ses chasseurs. Autant cet été, on était divinement bien sous la tonnelle en terrasse, autant en cette journée frisquette d’automne, je suis heureuse de grimper à l’étage de la Maison pour m’installer dans la salle à manger. Un décor resté quasi intact depuis qu’Eric Sapet a repris la maison il y a un an et demi, boiseries, miroirs anciens, tapisseries aux scène galantes de style Renaissance, tomette gourmande au sol, bref, une salle empreinte d’histoire et de convivialité.
Au menu de saison il y a quelques semaines, gaspacho de tomates vertes à la vanille en mise en bouche. Les toutes dernières de la saison, délicatement infusées, avec de discrètes peaux de tomates rouges pour apporter une autre texture.
Là j’avoue, j’ai été perturbée par le caractère hautement gourmand de ce qu’il venait de m’être servi, trop pressée de goûter, la photo est légèrement floue… « Fricassée de champignons suivant la saison et escalope de foie gras poêlée ». J’ai de la chance, ce sont des cèpes aujourd’hui, deux variétés, des têtes de nègre et des cèpes de peuplier, une texture semblable au foie gras poêlé, du soyeux, du gras, du goûteux, un délice relevé de vin de noix et de persil.
Filet de saint-pierre cuit meunière et confit d’aubergines aux épices orientales, un filet craquant sur les côtés avec son confit d’aubergines (cuisiné au sésame, au curry et au citron confit, entre autres) auréolé d’un trait d’huile à la harissa.
Poitrine de colvert de chasse rôtie en feuille de figuier et bouquet de fruits en aigre doux. Joliment rosée, tendre à souhait, elle apparaît magnifique sous son bouquet automnal, purée de potimarron au beurre noisette (le beurre noisette dans la purée, je crois qu’on n’a pas trouvé mieux, vous vous souvenez des volcans de purée et des cratères du beurre de la poêle du steak haché qu’on y dessinait, moi, cela m’a marqué à tout jamais), pomme, poire, figue, raisin, tous rôtis séparément et parés d’épices (cardamome, badiane, vinaigre de cidre). Assurément, lun des plus tableaux d’automne admiré depuis le début de la saison.
En dessert, tarte sablée aux amandes et poires caramélisées au miel. Un sablé généreux, qui réunit à la fois un côté frangipane et bourdalou. Sur le dessus, les poires fondantes et légèrement parfumées au miel sont de la variété william rouge. J’avoue, j’ai malencontreusement enlevé la peau avant d’en savourer la chair. Après coup, le chef le plus discrètement possible m’a glissé que dans la peau extra fine de la william se concentrait un maximum de saveurs et d’arômes… Le tout accompagné d’un sorbet poire.
J’aurais pu vous parler aussi de la sélection de vins d’Eric Sapet, un bonheur à écouter et à découvrir (la carte des vins est visible sur le site comme la carte des mets) , de ses petits pains incroyables de parfums et de simplicité. Voilà tout ce que j’aime dans la cuisine de ce chef : la simplicité incroyablement bien réalisée. Deux menus : 35 € et 55 €
La Petite Maison
Place de l’Etang
84160 CUCURON
04 90 68 21 99
Tags Technorati : la petite maison, eric sapet, cucuron
Et dire que je ne suis jamais allée manger chez lui, honte à moi…
– Tiuscha, tu vas m’écouter, tu vas prendre ton téléphone et tu vas tout de suite réserver, je peux t’assurer que tu ne le regretteras pas…