Quand on se rend à l’ouest dans cette partie de la Bretagne (Saint-Malo-Cancale), on n’imagine pas avoir à faire à quelque immersion dans la culture nippone et pourtant, à Saint-Malo il y a deux ans, je découvrais les charmes de Tanpopo. Cette fois, c’est à Cancale que le Japon s’est rappelé à moi. A l’étage du Breizh Café (crêperie qui voit la crêpe autrement), il y a maintenant La Table. Avant d’en savoir plus, sachez que le Breizh Café est également présent à Tokyo (c’est là que tout a commencé) et à Paris, ce qui laisse présager du lien entre l’instigateur des lieux (Bertrand Larcher) et le Japon. Du coup, lui est venue l’idée d’installer une table résolument japonaise à l’étage de son établissement cancalais. Je ne déflore pas tout, mais l’impression de sérénité et de calme donnée par les bois naturels, la fontaine, les tables creusées dans le sol (pour 3, 4 ou 6), le comptoir pour solo ou duo (comme nous) dépaysent merveilleusement. Autre atout lorsque vous êtes installé au comptoir, l’assise assez haute permet d’observer la baie de Cancale à l’envi durant le dîner et de constater comme la mer monte vite et haut. Pour cela (ma méthode testée et retestée), ayez un repère, fixez un point immobile (comme la pointe d’une coque de bateau ou une bouée attachée au sable) et constatez comme la mer s’en rapproche et dépasse vite ce point… Cela étant dit, passons au menu, le soir, 60 € et 110 € au choix. J’ai opté pour le premier, mon accompagnateur pour le deuxième, ce n’est pas un détail, j’y reviendrai…
Pour commencer, Saint-Jacques prises panées et frites (à l’origine, ça devait être une huître, mais je ne leur cours pas après), sur une sauce type tartare aux pommes vertes et au poivre japonais. Croustillant, acidulé, gourmand, je ne comprends tout de même pas la présence des Saint-Jacques au mois d’août… Celles de France sont laissées tranquilles pour cause de maturité depuis mai et revenir seulement en octobre. Celles-ci doivent venir de Jersey ou d’un peu plus haut en Atlantique (là elles sont pêchées toute l’année en somme), mais je trouve toujours regrettable cette façon de donner à goûter toute l’année (après, vous vous étonnez que les gens veulent de tout et tout le temps), alors que certains produits sont résolument saisonniers (et c’est aussi la rareté qui crée le désir, non ?).
Ils ne se voient pas, mais ils sont là, homard, Saint-Jacques (grrr), couteau marinées dans une vinaigrette au sésame et pousses de toutes sortes posées dessus. C’est frais, vivifiant, ça sent la Bretagne et le Japon, c’est terriblement bon.
Foie gras de canard poêlé, galette de riz croustillante, moules de Bouchot et bouillon à l’algue kombu. Difficile de faire plus franco-japonais ! Toujours est-il que l’ensemble est plus ou moins cohérent selon moi. Si les moules se gobent avec délice avec une cuillerée de bouillon, du riz croustillant (comme là-bas, ça rappelle des souvenirs), dès que l’on atteint le foie gras, le côté iodé des moules est aussitôt absorbé par le gras et le sel du foie. On pourrait alors penser que les moules sont là pour leur texture, oui, mais à mesure qu’on avance dans le plat, je trouve que certaines des saveurs de ce plat sont un peu « étouffées dans l’oeuf ».
Filet de boeuf charolais, cuit à la croûte de kara-age, légumes primeur et jus de ponzu relevé à l’huile d’argan. Avec des parfums assez inédits pour accompagner le boeuf (aigre-doux, acidulé, pimenté), on retrouve cette sensation si agréable de trancher dans le muscle et de déguster sa viande de boeuf (si vous voyez ce que je veux dire).
Tarte au citron, gelée de citron, fruits rouges. La crème citron sur la pâte sablée est d’une suavité incroyable, elle glisse sous le palais comme de la soie sur la peau, avec sa pointe d’acidité, sa fraîcheur, c’est l’extase !
Tout en modestie, Raphaël Fumoi-Kudaka, le chef qui s’est donc exécuté sous nos yeux toute la soirée (quoique pas tout à fait, le comptoir a un rebord qui remonte légèrement et ne laisse pas tout voir de ce qui se passait) s’enquiert de nos impressions à la fin du repas. Le menu à 60 € est extrêmement convaincant d’un point de vue coût, celui à 110 € me gêne. Vous ajoutez un plat de tempura si gourmands soient-ils et un superbe turbot / chair d’araignée et kombu / beurre de crustacés et vous doublez quasiment le coût, c’est un peu élevé selon moi. Sinon menu déjeuner à 42 €.
La Table de Breizh, 7 quai Thomas, 35260 Cancale, 02 99 89 56 46
Bonjour
ces chefs qui marient cuisine traditionnel française et saveur Japonaise sont de plus en plus nombreuses. ils sont parfois cher, car les épices et les produits venant du japon sont chers.
En tout cas, cela est toujours un regal, et puis Cancale, et une belle terre, une belle region, et un endroit ou la nouriture est bonne …
On dirait que c’est une spécialité cancalaise la CSJ hors saison, j’ai eu la surprise d’en trouver en entrée au gastro à Bricourt en juin 2003, et comme je m’en étonnais, le maître d’hôtel m’a expliqué que Roellinger connaissait un pêcheur de la Baie avec « des autorisations spéciales » (ce qui a gâché mon repas, je n’aime pas qu’on me prenne pour un gogo, heureusement Le Coquillage m’a rabiboché le lendemain). En fait, ce sont plus certainement et légalement des captures irlandaises ou écossaises…
Cela dit, des saveurs japonaises face à La Manche, j’aimerais (et je ferais des bassesses pour des kakifuraï ;-))
Toujours avec les huîtres, le foie gras se marie fabuleusement, mais je ne l’ai encore ni osé ni rencontré avec les moules…
Enfin, pour que je mette plus de 100 euros pour un menu dans un restau en Bretagne, il faut vraiment qu’il soit hors norme!
Pour compléter cette critique, j’ai eu l’occasion de dîner à la table japonaise du Cafe Breizh.
Le lieu reprend tous les codes d’architecture intérieure japonaise : le bois (ici blond) laqué, le comptoir pour les couples, les tables au sol (mais avec emplacement pour nos jambes occidentales qui ne supportent pas trop longtemps la position du lotus), la mini jardin zen et la vaisselle japonaise multiple.
Invitée, j’ai pu testé le menu dégustation, sans doute celui à 100E. Il y 6 mois, celui-ci débutait avec un bento géant de 9 mini-entrées, tous les crustacés y passaient avec une préparation différente pour chacun. Très impressionnant ! (photo en mémoire si vous souhaitez).
Plus on avançait dans le repas, plus le repas se francisait.
Il est vrai que la plat tempura était bon sans atteindre des sommets. Le plat principal fut fameux : côtes d’agneau pré-salé, sauce wasabi et petits légumes nouveaux, un délice.
Le tout pour un souvenir mémorable et la fierté d’avoir une si belle table dans ma région.
Magnifique !!
– Foie Gras, « Cancale une belle terre », c’est très joliment dit !
– Patrick, ah sacrée kakifuraï, elles me donneront éternellement du fil à retordre 😉
– Charlotte, je comprends votre fierté !
Après, ça se passe entre bretons, deux d’entre deux m’ont déjà dit qu’ils trouvaient le menu cher pour la région et si tel était le prix pratiqué, il fallait s’attendre à du grandiose. Chacun son avis. Moi c’est pas tant les 110 € encore une fois, c’est plus la si grande différence de prix entre les deux menus pour juste deux plats de plus (j’ai toujours une calculette dans la tête et je trouve qu’il n’y a dans ce cas précis pas de justification).
un lieu a découvrir sans ancun doute lors de notre passage du mois de septembre dans la région
merci pour cet article
Nous y étions la semaine précédente. Même menu sauf le dessert (cheesecake, fraises et sorbet champagne/menthe).
Que ne parlez-vous de la carte des vins. De belles bouteilles à des prix très raisonnables, ce qui ne gâte rien.
– Aurélie, c’est une bonne idée !
– François G, comme ça, ça vous laisse l’occasion d’en parler ^_^
J’aimerais gagner cette affiche, car elle me hante et je ne peux pas arrêter d’y penser.