Sur la rue Malar, personne ne peut se douter un instant de ce qui se trame derrière cette devanture pas glamour du tout, jusqu’à y rentrer… Une auberge basque pleine d’allant, de bois, de sympathie, avec du coude à coude obligé, des dizaines de piments d’Espelette au dessus de vos têtes et ce trop plein d’amour en cuisine qui fait qu’on ressort avec l’impression d’avoir été cuit nous aussi (une odeur de gras non feinte qui s’est attachée à nous et ne veut plus nous quitter). Toutes les tables sont étroitement alignées et se remplissent à la vitesse d’une fusée. Pas un client qui ne va pas saluer le chef en cuisine ou qui ne fait pas la bise à Fati dès l’entrée. Chevelures grises, costards qui commencent à être trop serrés, les gourmands du 7e et d’ailleurs ont trouvé leur maître à penser et je les comprends… Stéphane Jego fait à coup sûr exulter, avec une cuisine gourmande à mort (oui, oui), des plats superbes qui vous chargent les papilles comme pas possible et une qualité de produits à faire pâlir d’envie (je passe sur le pain de Poujauran et les beurres de chez Bordier qui se disent oui). Je le vois de ma table, il se donne corps et âme en cuisine, il est beau, l’entrée arrive, j’en reste bouche bée…
Un rôti d’encornet qui résiste sous le couteau puis sous la dent, des haricots géants (les blancs juste devant), un bouillon éclatant de saveurs, des poivrons rouges au goût fumé délirant, de la ciboulette, des extraits de croûtons et des chips de vitelotte (les pommes de terre violettes) qui donnent de la texture à l’envie, ça en devient frénétique, je me régale…
Effiloché de queue de boeuf insensée, caché sous une purée de céleri douce et un liseré tout autour de gras, tellement gras que je me dis, non, je ne devrai pas. Et bien si !!! Et ce, jusqu’à la dernière bouchée ! Il faut dire que les extraits de croûtons et les allumettes de jambon font aussi en sorte, qu’on est obligé d’en remettre un coup de fourchette, et encore, et encore, tellement c’est bon.
ça, c’est arrivé juste après que j’ai commencé : une poêlée de légumes de printemps euphorisante, pleine de goût et d’énergie pour braver les premiers rayons de soleil.
Crème cuite à la vanille, au goût de panna cotta terrible, des morceaux de fraises odieusement goûteuses y ont été plongés. A côté, c’est un panier de madeleines délicates et à droite, des pâtisseries algériennes, appelées « greouich », impossible de retrouver l’orthographe exacte, d’ailleurs on s’en fiche, ce qui compte c’est la texture sablée, un peu grasse, le biscuit à peine enrobé de miel et les graines de sésame noir et blanc.
Détail : ce menu est à 30 € (!) et si vous voulez l’attraper, il va falloir vous lever tôt pour réserver… non, j’exagère, mais la veille ne suffit pas.
L’Ami Jean
27 rue Malar
75007 PARIS
T 01 47 05 86 89
Métro La Tour-Maubourg (ligne 8) ou Pont de l’Alma (RER C)
Beaucoup d’indulgence ici avec l’Ami Jean car franchement, si Jego est perclu de talent et donne de la voix en première classe dans sa cuisine, lors de mon passage – et ce que j’avais rapporté dans ma chronique a été depuis confirmé par d’autres bouches – la salle était épouvantable et le service bien en dessous du minimum syndical. Ce qui attriste par compassion pour la cuisine du chef mais refroidit l’envie de traverser tout Paris pour y goûter.
Comme je te comprends …
De mon coté, j’ai adoré l’ami Jean car j’aime cette ambiance bon enfant et le serveur était absolument charmant.
Le lien vers mon billet : http://scally.typepad.com/cest_moi_qui_lai_fait/2005/12/chez_lami_jean.html
Sur tes photos, je reconnais bien ses plats tout en goumandise et en brillance, ce doit être l’excédent de gras qui n’est aucune ménagé par Stéphane Jego et c’est tant mieux ! Je partage ton amour du coude à coude et des échanges de goûts…
Le seul reproche que je puisse faire à l’Ami Jean est que c’est de plus en plus difficile d’y trouver une table. Tu m’as donné envie d’y retourner avec ces photos très appétissantes.
Bien d’accord avec toi ! Et avec son passage hier chez Petit-Renaud, je suis pas sûre que ça s’améliore. Mais il faut insister, ça vaut le coup !!!