Ce fut l’une de mes plus belles découvertes de l’année. Ok, je ne prends pas de risques en vous disant cela, l’adresse en question porte fièrement ses trois étoiles et en même temps, c’est l’un des chefs français les plus discrets. Je l’avais rencontré au Championnat de France de dessert, au Cook Show à Strasbourg où il avait fait une démonstration. A chaque fois, j’avais un peu plus envie de percer le mystère et de savoir quelle cuisine se cachait derrière cet être sur la réserve. En juillet dernier, j’y allais enfin. L’Arnsbourg à Baerenthal (je me suis entraînée avant de le prononcer lorsque j’allais animer le Cook Show, comme bon nombre d’autres noms lorrains ou alsaciens, il s’agissait de ne pas se taper l’affiche), en Lorraine et à quelques kilomètres seulement de la frontière alsacienne. Arrivée à la gare de Strasbourg, j’enfourche ma voiture de location et parviens à L’Arnsbourg (61 km) après avoir traversé une forêt quasi enchantée. On s’enfonce dans les bois, une clairière, à nouveau des arbres serrés, jusqu’à la maison des Klein, le restaurant d’un côté, l’hôtel K de l’autre. Un environnement qui fait pousser des waouw.
Je vous passe l’installation dans la chambre, la mise en condition et l’arrivée dans la salle de restaurant feutrée, avec sa vue exceptionnelle sur la collection de résineux tout autour de la salle, on est presque dans un cocon, c’est somptueux. Je suis seule, je connais le chef et je viens pour l’interviewer. Le menu est composé d’une longue succession de plats de dégustation, je ne vous les cite pas tous, mais en voici quelques extraits. Je relis mes notes, j’en ai pas pris beaucoup, c’est bon signe…
Huître Gillardeau, yuzu, fruits de la passion
Doux baiser de foie gras d’oie, avec un accord rose, framboise, litchi (comme une référence à l’Ispahan de Pierre Hermé) et perles de yaourt
Bar, huile d’angélique, maïs (qui je le précise, car je me suis fait prendre au jeu, est reconstitué, c’est en fait une crème de maïs prise dans un moule en silicone…)
Légumes « barbecue », pastèque, oeuf à la cuisson parfaite
Boeuf wagyu, sauce béarnaise, condiment kombu
Cappuccino de pommes de terre et truffe
Fraise des bois
Je ne sais si vous le percevez à travers les photos, mais la cuisine de Jean-Georges Klein a quelque chose de très ludique. En fait, c’est contagieux, on avance avec lui au fil du menu sans savoir ce qui nous attend et puis on sourit, on se régale, on s’amuse. Jean-Georges Klein est comme un enfant qui s’éclaterait en cuisine. Le chef le dit lui-même, il s’y est mis très tard, imaginez, il a passé 20 ans en salle, tandis que sa grand-mère, puis sa mère étaient en cuisine. Lorsqu’il a fallu prendre la relève, il commence par maintenir la « cuisine de femme » à L’Arnsbourg. Et puis Jean-Georges Klein fait un passage chez Ferran Adria, chez Pierre Gagnaire. Il décide de se lâcher, transforme l’esprit, le lieu, construit sa cuisine, les trois étoiles vont arriver très vite. Et moi je n’ai qu’une envie c’est d’y retourner. Le chef me conseillait l’automne, la saison de chasse et de gibier et les couleurs des arbres qui deviennent un enchantement.
Menus à 120 € et 150 €. Chambres à partir de 220 €. Fermeture du 30 décembre au 26 janvier…
L’Arnsbourg, 57230 Baerenthal, 03 87 06 50 85
Bravo, Caroline! Cela me fait rudement plaisir qu’une des mes collègues, bloggeuse, gourmette et passionnée, découvre à son tour cette grande maison dans « ma » belle région. On est ici en Moselle (donc en Lorraine), mais l’Alsace débute ou finit à 2 km. Je me permets de te signaler un formidable wonderboy alsacien à 10 km, qui aurait besoin d’être découvert par quelqu’un de « l’intérieur »: Georges Flaig, 33 ans, ancien de Loiseau, Rochedy, la Pinède, désormais très grand, mais sans étoile, chez lui, dans la maison familiale enclose dans un beau village de la forêt, au pied d’une ligne de châteaux forts: Anthon à Obersteinbach. Vaut le voyage! Avec des desserts formidables (cagette de noix, crème brûlée à la rhubarbe confite, miam, miam!). Bises et à très vite!
Merci Gilles, tout le plaisir était pour moi et je note bien le nom du wonderboy !!!
Mr klein devrait etre informé que l’appelation ispahan est protégé ….