Un rendez-vous à l’heure du déjeuner du côté de la rue de Bretagne lundi, je survole la zone et m’arrête sur Les Enfants Rouges, un bistrot que je connaissais du temps de sa patronne à la gouaille sympathique, sa belle carte de vins et son ambiance qui semblait plus attachée aux années 60. L’adresse vient d’être reprise par une équipe japonaise autour de Daï Shinozuka, un ancien chef d’Yves Camdeborde au Comptoir du Relais (Paris VIe). Quand j’arrive à 13h15 lundi dernier, l’effet est imminent. L’équipe en salle est japonaise et les 4/5 des clients aussi. Un instant, je crois être dans un bistrot reconstitué à la française en plein cœur de Tokyo. Le cadre ne semble pas avoir beaucoup changé, ce qui le rend un peu « cliché » dans son jus 60’s. Le mobilier surtout et les couverts, en inox tout fin et léger et qui pourraient être changés pour un peu plus de tenue je trouve (à part le sublime couteau à viande Perceval). Mais je sais aussi que quand on investit une adresse, que des travaux sont envisagés en cuisine, en peinture des murs et autres, il y a des éléments qui ne peuvent être changés et je le comprends. La carte arrive, ça sent le fumet, les viandes et les desserts bistrotiers, bref, la simplicité interprétée par un chef japonais, il me tarde…
Bouillon de volaille au prix attractif (5 €) servi avec quelques morceaux de légumes et des perles du japon dans le fond et de la menthe ciselée posée sur le dessus. Sur la carte, il était aussi indiqué des pignons de pin (je ne peux m’empêcher de penser au thé à la menthe), c’est au bout d’une ou deux cuillerées que je me rends compte qu’ils ne sont pas là. Quand je le signale, on m’amène un petit pot de pignons torréfiés. Un acte manqué ? Je ne sais pas, mais je trouve que le bouillon s’en passe finalement bien. Quand j’essaie, le goût du pignon grillé a tendance à écraser le parfum du bouillon délicat et restaurant (il ne faisait pas bien chaud lundi midi et ça réchauffait le gosier avec bonheur). La menthe amène une fraîcheur et une note de chlorophylle très agréable dans le bouillon de volaille, je retiens pour une recette perso.
L’onglet de bœuf enrobé de quelques échalotes au vinaigre. Je trouve que la viande se mastique un peu trop au début (faut un bon couteau quoi, ce que j’ai et de bonnes dents aussi) et puis non, c’est la caractéristique de l’onglet et c’est bon.
La purée qui l’accompagne (j’adore le détail du napperon en papier dessous), lisse, beurrée, délicieuse et je me rends compte aussi à ce moment là que décidément, j’adore le jus de viande (ici, assez acidulé par le vinaigre) dans la purée (ça me rappelle toujours le volcan de purée que formait la nounou de ma meilleure copine en primaire et dont elle remplissait le cratère de beurre de cuisson du steak haché, hmm, qu’est-ce que je me régalais. Même si je pense que ce ne serait plus autorisé aujourd’hui ^_^).
Le dessert perles du Japon au lait commandé par mon amie. Les perles moelleuses et à peine gluantes sont enrobées d’une crème légèrement mousseuse. Je n’arrive pas à déceler si c’est la crème dans laquelle ont cuit les perles ou si c’est une crème comme légèrement passée au siphon ou battue qui a été ajoutée à l’issue de la cuisson. Toujours est-il que la crème est d’une suavité exquise, que la brunoise d’ananas apporte un peu de mâche (ça ne manque pas de croquant comme aurait dit le parodique Yves Camdeborde du Palmashow, le vrai lui sert aussi des perles du Japon façon riz au lait au Comptoir du Relais), renforcée par les amandes torréfiées et légèrement sablées.
Les prix de la carte au déjeuner, entrées entre 5 et 12 €, les plats sont entre 15 et 19 € et les desserts à 5 €. Bref, des prix raisonnables mais néanmoins sans formule à midi. Le soir, il semble que ce soit un menu carte aux alentours de 35 €. Bonne pioche en tout cas !
Les Enfants Rouges, 9 rue de Beauce, 75003 Paris, 01 48 87 80 61, métro Filles du Calvaire, Temple
C’est tout à fait ça le soir Menu 35 ou 37 € ! J’avais rencontré Daï à l’avant comptoir avant l’ouverture avec sa compagne et nous nous étions promis d’aller les voir; nous avons bien fait! Je suis d’accord avec le commentaire sur la déco, mais ça a son charme ce formica 🙂 même s’il serait sympa qu’ils personnalisent un peu plus l’endroit c’est sur … Personnellement j’ai été frappé par le service, déjà, l’accueil et le suivi de notre dîner de la compagne de Daï complètement craquante de gentillesse et d’attentions, et leur petit serveur efficace et pro comme tout. Super !