Il y a quelques mois, j’ai eu la chance d’aller passer un très beau moment à la Maison Decoret à Vichy dans l’Allier. Ce reportage fut aussi l’occasion d’aller goûter les saumons fumés du Sichon et de découvrir une fabrication artisanale de moutarde à Charroux (article dans le Régal actuellement en kiosque), c’est fou ce qu’on abat comme travail en deux jours. C’était au mois de juin, le temps était avec moi et le soleil m’accompagnait partout sur les petites routes entre village médiéval (Charroux) et ville thermale (Vichy). Arrivée en fin de course chez Jacques Decoret, je n’étais pas fachée de m’installer dans la chambre fraîche et luxueuse de l’hôtel. Le temps de me repomponner (je dis ça, mais quand je pars en reportage, c’est toujours avec le stricte minimum, je ne suis donc jamais super sapée une fois à table) et je descends dîner. Pour vous présenter la salle du restaurant, voici ce que j’ai écrit : « Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Napoléon III fit de nombreux séjours à Vichy et marqua définitivement la ville de son style impérial. Sur la rue du Parc (celle de la Maison Decoret), les arcades rapportées de l’Exposition
Universelle de Paris, les sublimes pavillons, l’opéra ou le casino
imprègnent les visiteurs d’une ambiance hors du temps. Surannée est Vichy, diablement contemporain est Jacques Decoret qui
n’hésite pas à faire ériger en 2008 une avancée de verre sur l’un des chalets
historiques de la ville. Avec harmonie et sérénité, Jacques et Martine Decoret
y aménagent leur nouveau restaurant : une salle baignée de lumière et une
vue enchanteresse sur les platanes centenaires du Parc des Sources. » J’ai faim !
Sachet de pétales de légumes et de fruits séchés.
Un couteau qui m’a tuée avec son fruit de la passion, sa tonicité et son acidulé.
Une idée de la vue, du parc, des arcades.
Deux produits de bretagne mariés pour le meilleur : le homard et le chou-fleur, des cuissons parfaites, du beurre, de la suavité, de la sucrosité, j’ai adoré.
Sublime, sublime ! Asperge blanche et orange maltaise !
Les heures filent, la lumière a beau baissé (et moi je la renforce sur les photos), je pense que vous ne pouvez rester insensibles devant ce foie gras poêlé et son bouillon inspiré du dashi et infusé au bois de cèdre.
Le goût de l’huître à reconstituer avec tous ces petits condiments improbables.
Un maquereau pané au riz, de la betterave sous des formes inédites et un jus délicieux.
Ce qui est fou, c’est qu’à ce moment précis, je continue de saliver à chaque arrivée de plat (il y aura 14 assiettes en tout). Voici donc le bar cuit parfaitement, une mousse d’oeuf et du vert et du blanc de blette.
Selle d’agneau, carotte, marmelade de confit de fenouil, je regrette juste la petite tartine de rocamadour qui n’apporte pas grand chose au plat selon moi.
Basilic, cédrat et thym, de la fraîcheur oh oui.
Le chocolat, terrible ici, en ganache puissante, feuilles de caramel, noisettes torréfiées…
Ce que j’ai pensé tout au long du repas, l’un de mes plus longs en solitaire (ça a duré 4h ou presque, mais je ne les ai pas vues passer), c’est que le chef donne quelque chose de très ludique dans sa cuisine. On s’amuse avec lui, sin esprit Rubik’s Cube qui joue, imbrique et au final, arrive à des très plats très aboutis. Du coup, on se régale tout le temps et on a toujours hâte de découvrir la suite. Une impression déjà ressentie chez d’autres grands, comme Jean-François Piège à Paris et Jean-Georges Klein à Baerenthal en Lorraine.
Menu déjeuner en semaine à 40 € et menus à 68 €, 82 €, 115 € et 170 € (avec les vins). Chambres à 165 € et 195 € (le saint-nectaire, l’un de mes fromages préférés, les yaourts fermiers et le cake au citron de la maison font très bon ménage au petit-déjeuner).
Maison Decoret, 15 rue du Parc, 03200 Vichy, 04 70 97 65 06