Mama Shelter

16 Déc 2008 • 750209 commentaires

Traverser le hall d’un hôtel pour se glisser les pieds sous la table a toujours quelque chose de séduisant. Ici, il s’agit de l’hôtel inauguré par la famille Trigano (celle du Club Med), le designer Philippe Starck et le philosophe Cyril Aouizerate. Mama Shelter, un lieu singulier, posé en face de la Flèche d’Or, dans le quartier Saint-Blaise (20e). Plus le hall défile et plus on s’enthousiasme, le plafond bas en ardoise et ses inscriptions à la craie (dont le truculent « Trigano for ever »), l’éclairage en clair-obscur, les lampes au pied Tour Eiffel des plus chic (si, si), les instruments de musique sous verre (pour les bœufs qui s’improvisent à l’occasion), les rideaux aux milles expressions et la cheminée qui fonctionne à la bougie. Entre les grandes tables d’hôtes, le comptoir géant, les canapés – tables basses ou les tables plus bistrotières, on a le choix de la position. La carte est co-signée Alain Senderens (le chef du restaurant du même nom et anciennement Lucas Carton). Une carte voguant sur les plats de brasserie, les « famous » d’Alain Senderens, comme la Soupière de la mère de la mère, le Parmentier de confit de canard ou le Baba de Mama. Un registre simple, qui plaît à tous et sans surprises (pas si loin de la touche Costes), des plats à partager et des prix parfois élevés. Le service fait de son mieux, mais ne semble pas tout maîtriser… sans doute pas passer par l’école hôtelière (comme cet aperçu donné hier dans le délicieux documentaire sur France 3, « La Meilleure façon de cuisiner », dont les deux derniers épisodes seront diffusés lundi prochain. Une vraie tranche de vie sur l’adolescence, la formation et la ferveur de certains professeurs). Que voulez-vous, on est décalé ou on ne l’est pas, les sourires de ces charmantes serveuses aux accents slave ou australien sont censés faire glisser le tout.

248-Mama-ShelterEn entrée, le velouté « de la grand-mère » (du chef consultant Alain Senderens donc). On nous l’annonce au potiron, peut-être, mais il cache surtout d’autres légumes (carottes, poireaux), s’avérant parfumé, mais moins sucré que le potiron seul. On aime la quenelle de crème mousseuse et piquante (dû à la présence du raifort sans doute) et la fine tranche de pain Poilâne séchée au four et très craquante.

248-Mama-Shelter2

Agneau au curry vert, mangue, blette et riz basmati ensuite. Servis dans une cocotte Staub, les cubes d’épaule d’agneau fondent sous la dent, le curry vert semble avoir disparu à la cuisson (pas l’ombre d’un parfum d’épice), les côtes de blettes sont al dente, l’avocat mûr à point, mais pas de mangue en vue (peut-être qu’elle a aussi fondu à la cuisson). Un plat sincèrement bon, mais éloigné de celui annoncé sur la carte.

Quant au dessert, crème brûlée et fondant au chocolat ont un air de déjà vu, donc un café et l’addition ! En bref, la table idéale pour un rendez-vous d’affaire dans le quartier, un déjeuner rapide en famille (avec des petits, dixit un ami journaliste) ou le temps d’un brunch le week-end.

Ouvert 7j / 7j, à la carte comptez 30-40 €

Mama Shelter
109 rue de Bagnolet
75020 PARIS
T 01 43 48 48 48
Métro Gambetta, Porte de Bagnolet

Tags Technorati : , , ,

9 réponses à Mama Shelter

  1. laurent dit :

    Beaucoup aimé également le reportage hier soir sur france3 : passionnant et intéressant. 2 épisodes à venir, pas plus ?
    Ce que tu as mangé là t’a coûté 30 euros ?

  2. – Laurent, cela m’a coûté 28 € dans mon souvenir (je n’ai plus la note de frais…).

  3. stephane dit :

    Si tous les profs avaient autant de passion que ceux qui apparaissent dans ce documentaire…

  4. L’école hôtelière est-elle un passage obligé pour servir dans un restaurant ? Pas sûr. En tout cas, pas dans ce genre d’adresse, assurément.
    Tu as goûté leurs cocktails ?
    http://chroniquesduplaisir.typepad.fr/chroniques_du_plaisir/2008/10/mama-shelter.html

  5. Disons qu’entre les élèves de l’école hôtelière et les serveurs du Mama Shelter, il y a un tel fossé qu’il me semblait intéressant de le souligner, que veux-tu, j’aime les évidences ou les contrastes saisissants ! Par contre, pas de cocktail ce jour-là. A 13h, toute seule, je n’ose pas…

  6. Francois dit :

    Apéro et diner hier au Mama Shelter…
    Au moment de l’addition, échange avec un des serveurs
    – « Le diner vous a plus? »
    – « En toute sincérité, non »
    – « Ce n’était pas ce à quoi vous vous attendiez? »
    – « Si, justement… »
    En résumé, cadre agrébale, belle carte de Whisky, mais comme pour beaucoup d’endroits modes, le service est désagréable au possible et incompétent, la nourriture est fade et digne d’une cantine scolaire, surfacturée…
    Entrecote caoutchouteuse et mal cuite (demandée bleue, arrive à peine rose) à 30e, frites même pas maison, parmentier de confit de canard sec (sic) et sans goût (re-sic), poulet trop caramélisé qui cache une chair tristounette (oui, un bon poulet, ca existe!)…
    A laisser aux adeptes du m’as-tu-vu et aux lobotomisés pour qui payer 50e pour un diner médiocre n’est pas un problème à condition que la branchitude du lieu flatte suffisamment leur ego.
    Pour les autres, venez prendre un verre, fuyez le restaurant, mieux vaut manger chez les Costes, le rapport qualité/prix est encore meilleur, ce n’est pas peu dire.

  7. Philippe dit :

    Je lis souvent les critiques alertes et pleines d’humour de Caroline Mignot qui m’a parfois fait découvrir des endroits nouveaux agréables. Qu’elle en soit sincèrement remerciée !
    Mais, cette fois … Je ne puis que souscrire entièrement à la réaction précédente. Cet endroit est réellement sans aucun intérêt et à fuir. Il est assez triste, au surplus, de voir qu’Alain Senderens prête – sans doute pas gratuitement … – son nom à ce triste exercice.

  8. Philippe, merci pour votre message.
    C’est un point de vue qui semble partagé par d’autres clients. Endroit triste, je ne vous suis pas tout à fait, une ambiance parisienne et singulière oui (on aime ou pas, personnellement, je ne cours pas après), un lieu au décor décalé et ne manquant pas d’humour oui, un service manquant cruellement de professionnalisme oui et oui.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

facebook twitter instagram rss CONTACT