Ici, je suis sensible à la belle et à la bonne chère, vous en êtes témoins. Ailleurs, dans mon métier et dans ma vie, je ne peux qu’être sensible aux conséquences de l’agriculture intensive qui planent au dessus de nos têtes et gisent sous nos pieds. On peut fermer les yeux, faire comme si de rien n’était ou se dire que ce n’est pas possible, dans cette France des terroirs, des territoires et du repas gastronomique. Mais on peut aussi regarder « Manger peut-il nuire à la santé », un documentaire diffusé ce soir à 22h55 sur France 3. Le communiqué :
Arsenic, plomb, mercure, dioxine, furane, PCB, pesticides, les substances toxiques pénètrent allègrement dans notre organisme par le biais d’aliments ordinaires tels que le porc, le saumon, la pomme ou le pain, selon une enquête diffusée mercredi par France 3.
Pour ce documentaire d’Eric Guéret, intitulé « Manger peut-il nuire à la santé? », Isabelle Saporta -et d’autres enquêteurs- ont sillonné les vergers, porcheries et fermes de France et, pour le saumon, les pêcheries industrielles de Norvège. Les résultats de l’enquête, commentés par des spécialistes, font froid dans le dos.
La pomme d’abord, le fruit de prédilection des Français. Avec quelque 76.000 tonnes de pesticides utilisées par an, la France est le plus gros utilisateur en Europe. Conséquence : la moitié des fruits et légumes comportent des résidus. Mais, comme le dit un exploitant, « s’il n’y a pas de traitement, les pommes ne sont pas rentables ».
« L’enfant y est particulièrement sensible », relève Annie Sasco, épidémiologiste. Directement au contact de ces produits, les agriculteurs sont les plus menacés. Mais « personne n’ose en parler », dit l’un d’entre eux, qui souffre de myopathie.
Pour le blé, le mal vient surtout des pesticides ajoutés pour la conservation des grains. Attention aux pains complets ou autres : en Europe, 200 additifs sont autorisés pour les pains dits spéciaux.
Le constat est particulièrement inquiétant pour le porc, une bête élevée en batterie et privée de ses défenses naturelles. « C’est une Formule 1 » qu’il faut sans arrêt surveiller, dit un éleveur. La moitié des antibiotiques de France seraient consommés par des porcs.
Ne mangeant pas d’herbe, le porc manque en outre des acides gras oméga 3 essentiels pour la santé. Comme les poules : un oeuf en 1960 contenait autant d’omégas 3 que d’omégas 6 (l’idéal), un oeuf de 2000 en contient 20 fois moins.
Autre problème, le saumon de Norvège : la France, avec 136.200 tonnes consommées en 2010, est le plus gros marché d’exportation de ces poissons engraissés aux farines de poisson et huiles végétales. « On fait évoluer le poisson en fonction de ce que veut le marché », note une responsable de Marine Harvest, le plus gros producteur au monde. Pour la couleur, les acheteurs choisissent dans un nuancier de teintes variant en fonction des substances chimiques ajoutées à la nourriture. Les Français préfèrent le saumon pas trop foncé.
Alors qu’avant la deuxième guerre mondiale on mangeait naturellement bio, « l’industrie agro-alimentaire nous vend des produits déséquilibrés », avec risques d’obésité et de cancers à la clé, mais « rien n’est irrémédiable », conclut l’enquête.
Elle fournit quelques pistes : manger bio (mais tout n’est pas idéal), donner du lin (riche en omégas 3) aux animaux, réduire la consommation de viande, utiliser l’huile de colza, préférer le pain enrichi en lin… Et manger des poissons petits, moins riches en toxines.
En parallèle, Isabelle Saporta publie chez Fayard un ouvrage approfondissant les grands thèmes de l’émission, « Le livre noir de l’agriculture, Comment on assassine nos paysans, notre santé et l’environnement ».
On peut se procurer le DVD Manger peut-il nuire à la santé avec le Nouvel Obs de ce jeudi 3 mars 2011
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Merci Valéry !