L’axe Faubourg Poissonnière voit arriver de nouvelles tables de tous les genres, végétalien, burgerien, bistrotier, gastronomique. En septembre dernier, c’était Ratapoil du Faubourg qui faisait parler de lui. Un bistrot à la formule à midi (18 ou 22 €) et à la carte avec un angle plus original le soir : une quinzaine de propositions toutes tarifées à 10 € et à garder égoïstement pour soi (comme j’aurais tendance à le faire, je ne suis pas forcément pro-partage à table) ou à partager avec ses compagnons. Bref, le décor est assez atypique, les murs vert olive sont couverts de tableaux, de toutes les tailles, de tous les genres aussi, du portrait de Lénine à l’embarcation évoquant chez moi le radeau de la Méduse de Géricault (Musée du Louvre), mais en beaucoup moins dramatique je vous rassure, ce qui donne une sacrée singularité au lieu. Le chef Jérôme Aubert n’a pas hésité à accrocher des tableaux de famille ou ceux qu’il a chinés un peu partout et comme je le disais pour An di an di, cet apport de soi ou d’autres, proches, amis, ça donne toujours quelque chose de singulier, moi j’aime bien. Avec lui, Pierre Menini, hôte charmant et parfait pour proposer les vins, tous nature, qu’il fait systématiquement goûter avant de remplir le verre. Les bouteilles sont proposées au prix cave et on peut repartir avec une pleine si on l’a bien aimée à table. Hier, c’était au déjeuner que je découvrais la maison qui prône un discours d’indépendance (bière de la Vallée de Chevreuse, café de l’Arbre à Café) et de relations directes au maximum avec les fournisseurs (producteurs comme vignerons). Formule à 22 € donc.
Salade de bar pour commencer. Des rubans de carotte, de chou, des pousses de salade violette et des rubans de bar cru, légèrement marinés au fur et à mesure de la dégustation par la vinaigrette bien moutardée. Simple et bon. Le velouté de butternut, carotte et gingembre par les températures qui courent devait être bien aussi.
Mais je me réchauffe aussitôt au pavé de lieu noir cuit à la vapeur (c’est bien aussi la cuisson vapeur, les chairs sont fermes et tendres, ça donne une belle humidité), ses grenailles et légumes d’hiver poêlés (navet jaune et autres légumes racines) et cette sauce terrible, olives noires, câpres et herbes, le tout haché dans une huile d’olive dont l’épaisseur me fait penser à un jus à peine pressé, encore un peu épais et très jeune. C’est sans doute la présence de tous les condiments qui émulsionne un peu l’huile et ça fait comme un retour en arrière, c’est délicieux.
A la lecture de la carte, « crème au chocolat intense, chantilly à la fève tonka », je me dis oui, bon, encore une crème au chocolat ». Non, ce n’est pas une énième, c’est une texture étrange entre densité de ganache et léger foisonnement de mousse. C’est sucré et en même temps, le goût de cacao est effectivement très puissant. Les petits croustillants qui parsèment sont bien beurrés. Quant à la chantilly au siphon, donc légère, j’avoue ne pas sentir de fève tonka. Soit la main était très légère, soit le goût du chocolat intense l’emportait sur tout. Au diable la fève tonka, je me régale de ce dessert.
J’attends donc de revenir un soir pour découvrir cette carte de suggestions appétissantes, queue de boeuf aux épices, ocra du Pérou et vinaigrette de jus de boeuf, couteaux à la plancha et piment frais, truite vapeur, chlorophylle et chanterelles, travers de cochon Capelin mariné à la bière et caramélisé minute, sablé linzer, fruits exotiques et sorbert yuzu (pour vous donner une idée), toutes à 10 €. Quant à la formule déjeuner à 22 €, moi je suis convaincue.
Ratapoil du Faubourg, 72 rue du Faubourg Poissonnière, 75010 Paris, 01 42 46 30 53, métro Poissonnière
J’adore l’idée des propositions à 10€… Moi non plus je ne suis pas fan du partage à table, et ça me va donc très bien !!
Dommage que leur site Internet ne donne pas plus d’infos sur les plats proposés…
La carte changeant régulièrement, il serait trop compliqué pour eux à mon avis de le mettre à jour trop souvent. Mais je pense que vous pouvez y aller les yeux fermés !
Bonjour,
je viens d’y déjeuner et j’avoue avoir été très déçue !
en entrée chipirons au piment d’espelette, 4 malheureux chipirons d’environ 2 cm dans l’assiette et 3 feuilles de salade.
le plat de poisson était lui servi presque froid.
C’est dommage car le goût est bien là mais pas la quantité ni la température du plat…
Mince, j’en suis bien désolée. Je reconnais que l’entrée n’était pas forcément très généreuse quand j’y suis allée, mais c’est un phénomène que je rencontre de plus en plus souvent. Les bons produits et les petits prix à midi vont avec des portions calculées au gramme près. Pour ma part, le dessert était indispensable. Mais ça n’enlève pas la déception d’un poisson froid, dans ce cas, il ne faut pas hésiter à le renvoyer en cuisine.