Rino

5 Juil 2010 • 750119 commentaires

D’après les nombreux articles parus ces derniers temps, il s’agirait de la révélation du moment, la table montante, la cuisine qu’il faut avoir vu… J’avais un peu peur au moment de réserver (la veille au soir pour le lendemain midi) qu’on me dise gentiment de repasser et puis non, la table s’ouvrait à mon coup de fil. Dans une rue Rousseau tranquille, à l’écart de l’animation Bastille / Ledru-Rollin, un bout de bistrot, au non décor. Passer le comptoir derrière lequel s’exécute le chef, Giovanni Passerini, ancien second à la Gazzetta (Paris, 12e) dans sa micro-cuisine apparente et les trois tables hautes qui lui font face, où sont d’ailleurs installés quelques cuisiniers et journalistes en vue, on arrive dans la micro salle. Murs blancs, banquettes rouges, tables et chaises de bistrot, qu’ajouter, une jolie vue sur la cour voisine, un rayon de soleil et une ambiance très sonore à mesure que le déjeuner avance. Le serveur arrive, accent italien, allure branchée, non sourire (tiens, non décor, non sourire) et une attitude qui semblerait démontrer que surtout, il n’a pas fait d’école hôtelière et qu’il se tient loin des codes. C’est un genre, pourquoi pas. Mais un petit mot en sus, un semblant d’enthousiasme dans l’idée de faire connaître un plat, un… sourire ? Ni mal-aimable non plus, mais le minimum, ça suffira. A part ça, voilà le contenu super vivifiant de la formule à 18 €.

368-rinoVelouté de petits pois crémeux, petits pois entiers, œufs de poisson, chapelure, asperges sauvages et fond de brandade bien caché. Une entrée fraîche, très savoureuse.

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Échine de cochon servi rosée, une chair avec ce qu’il faut de gras et de générosité, une tranche d’aubergine (oui, c’est ça le truc surréaliste en premier plan) presque cramée, la peau noircie, le goût brut et décuplé, concombre, amandes, c’est vraiment bon.

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Photo de café, faut dire qu’il est particulièrement bon et qu’il rappelle les origines du chef.

La spontanéité, le côté « retour de marché », « je compose mon plat dans l’instant », cache un esprit de cuisinier alerte et audacieux, les accords font mouche, on se régale du début à la fin. Mais au risque d’écorner cette vision du restaurant qui a tout compris, le bruit et le service plus que détaché me laisse un goût amer. C’est ça le restaurant d’aujourd’hui ? Focaliser l’imagination, la créativité, les énergies sur la cuisine ? Avoir l’air de se désintéresser des clients ? Devoir franchir des étapes, être un habitué des lieux pour pouvoir se sentir désiré ? Et vous l’aurez compris, je ne parle pas d’investissements financiers, de décor grandiose ou de courbettes à foison, juste d’un lieu qui semble aussi tourner vers ses clients, avec une âme qui dépasse les frontières de la cuisine. Ce qui me rassure, c’est que d’autres l’ont compris (comme Noma, où le lieu comme les gens sont résolument tournés vers le client). Affaire à suivre à Paris donc…

Formule à 18 et 22 € le midi, le soir, 38 et 50 €.

Rino, 46 rue Trousseau, 75011 Paris, 01 48 06 95 85, métro Ledru-Rollin

9 réponses à Rino

  1. ffiloo dit :

    L’accueil du client, le b-a-ba du commerce en quelque sorte… Le non sourire est assez récurent à Paris. Privilégions les endroits agréables à vivre !

  2. Fulgurances dit :

    Caroline,
    je suis très étonnée par ta perception de l’accueil chez Rino. J’ai tout de suite été séduite par le naturel de Pietre, par son accompagnement intuitif sans être pesant sur les vins, et surtout par cette jolie complicité qu’il a avec la cuisine de Giovanni, cette manière -faussement- nonchalante de te servir de l’or… un trio humain qui fonctionne très bien à mon sens!

  3. TVnomics dit :

    On retrouve la Gazetta touch

  4. Bloch dit :

    on a du venir le même jour car je reconnais les plats !
    Pour le service… j’ai vu pire… en effet il est un peu spécial ce Pietre.
    Mais comme j’ai eu un coup de coeur pour cette adresse, j’y suis allé 3 fois en peu de temps, et me suis vu offrir une petite coupe et quelques sourirs bien sympas la 3e fois !
    Perso ce jour là, j’ai adoré l’entrée « velouté de petits pois »…

  5. Eric C. dit :

    C’est un petit peu dommage de devoir y aller trois fois pour avoir droit à quelques sourires …
    Ma dernière table parisienne s’appelait la Véraison, c’était il y a deux semaines, et nous n’avons pas eu besoin d’y retourner pour avoir l’impression d’être bien accueillis, par un patron prévenant, sympathique, souriant, capable de nous dire qu’il avait (mal) goûté récemment l’un des vins qu’on avait choisis au verre et qu’il nous conseillait plutôt autre chose. Une table généreuse, et qui donne envie d’y retourner.

  6. Je comprends les points de vue. Mais pour moi, la complicité salle cuisine chez Rino n’a pas été évidente au premier abord. Et j’avoue que devoir déceler le détachement du jeune homme ou sa fausse nonchalance comme une volonté m’est compliqué lorsque j’arrive au restaurant. Et que l’attitude qu’il renvoyait dès lors que je suis rentrée en lui signalant ma réservation n’était pas très engageante, une sorte de lassitude, plus que de nonchalance.
    Trêve d’analyse, il semble que l’adresse remporte un beau succès, elle aura ses aficionados sans moi, je ne m’en fais pas.

  7. Gilles Pudlowski dit :

    t’en qu’à faire, autant donner aussi mon point de vue.
    Cf mon blog http://www.gillespudlowski.com
    Rino me fut une exquise surprise de ce début d’été.
    Bises et belle saison
    G.

  8. Tarpon dit :

    Mangé chez Rino plusieurs fois, client lambda et toujours eu un accueil sympa avec un gentil papotage avec le serveur et le cuisinier. Je ne comprends pas.

  9. – Gilles, bel été à vous aussi !
    – Tarpon, si vous êtes satisfait, c’est le principal. Je n’en ferai pas une affaire d’état non plus. C’est juste que le détachement de nombre de serveurs, restaurateurs à Paris a le don de me mettre (de plus en plus) en rogne.

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