J’ai eu l’occasion de retourner déjeuner chez Clover et le moment a été aussi agréable que la première fois. Dans cette salle tout en longueur où la cuisine spontanée du chef Jean-François Piège (lui est présent au Grand Restaurant) est préparée presque sous nos yeux, on prend place collé serré (les tables sont les unes contre les autres), je préviens pour ceux que ça dissuade. Moi ça ne me gêne pas. Quand je suis seule, ça me permet d’écouter les conversations d’à côté et j’adore ça et quand je suis accompagnée, je n’ai pas trop de difficultés à me concentrer sur la personne qui m’accompagne (sauf si ça hurle dans tous les coins, mais à l’heure du déjeuner dans le VIIe, on en est loin…). Ce qui me fait plaisir, c’est que tous les âges sont présents, ce que je trouve toujours réussi au restaurant. A midi, l’affaire s’entend à 35 € (50 € ce midi-là pour le choix du homard en plat). Dès qu’elles arrivent, c’est la surprise d’une esthétique rare et envoûtante. Chaque assiette s’apprécie de part le choix de la matière qui la compose, de ses motifs, de ses couleurs (je parle du contenant) et bien sûr pour son contenu.
Décidément, je cède à la bonite en ce moment. Les morceaux de poisson cru sont ici bien fermes, accompagnés de radis, de fèves, de concombre et de fenouil, le tout émincé fin, avec quelques fleurs et un assaisonnement qui fait le lien. Je me régale de cette fraîcheur.
Le homard… Ici en chair (à gauche) assez ferme et en grosses ravioles (derrière) qui cachent une farce au homard délicieusement sucrée et une mâche incroyable (la farce est assez complexe en fait, ce qui lui donne des nuances et une sorte de mystère que je n’arrive pas trop à percer), sans compter la pâte qui l’entoure, tendre, ferme et un peu collante quand même. Si cela devait s’arrêter là… Pas du tout ! Il y a du bouillon, de l’aubergine qui tranche le tout de ses accents très acides (c’est la présence du sumac) et qui fait faire saliver. Et avec la sucrosité du homard, c’est intensément bon.
J’essaie dès que je peux de prendre un peu de moins de gâteaux en ce moment (j’ai fait beaucoup de dégustations ces dernières semaines et ai besoin de retrouver l’envie, la curiosité). Bref, j’ai demandé à ce que le millefeuille prévu devienne une assiette de fraises si c’était possible. J’ai trouvé l’interprétation très jolie, avec ses petites fleurs printanières, son sirop qui venait juste souligner les fraises d’un peu de sucre et d’enrobage soyeux. C’était parfait.
Les prix ? Menu à 35 € et à 45 € au déjeuner, 58 € et 73 € le soir, fermé le dimanche et le lundi
Clover, 5 rue Perronet, 75007 Paris, 01 75 50 00 05, métro Saint-Germain-des-Prés